mardi 17 avril 2012

TEAM TWO - episode 49

 [Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Sa voix étouffée par l'épais matelas lui parvient à peine. "Si je savais comment tricher, je tricherais" répond-il. L'ampoule fatiguée de sa lampe de poche, faiblement soutenue par de mauvaises pile usées, produit un faisceau trouble et intermittent qui tranche péniblement l'obscurité poussiéreuse. Il croit voir une tache plus claire qui pourrait correspondre au dé mais répugne à étendre le bras pour s'en assurer. ” (Charles M)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Alors toutes les dames pipi, parce qu'on n'est des filles qu'on impressionne pas aisément, on a décidé d'agir. Toutes ensemble, unis pour une fois, ça f'ra pas d'mal aux tontons tiens. On a fermé toutes les latrines à double tour. Fallait pas pousser, c'était le cas et le moment de le dire, on aime les jeux de mots et la gaudrioles, faut pas croire, on est des marrantes dans l'action. Pour qui qu'on nous prenait ? Pour qui ? On est allé se plaindre et on a fait la grève comme dans Lysistrata, avec des trucs qui coupent au bout des bras qu'on avait l'air méchantes comme des vraies méchantes. Les supérieurs, ils ont rien voulu entendre, faisaient la moue genre "pfiou" alors on a agit encore plus : on n'a pas cédé ! On est allé les chercher dans leur bureaux très stylés avec des sculptures d'animaux ou d'éphèbes à poils et au bout de leur cigares, on est allé voir plus bas et on a arraché deux ou trois organes genre "pfiou" qui z'étaient bien cachés dans des poches et des slips de grand-pères imbibés du rouge de leur sang avec leur poche ou des sac plus pervers avec des bouts de corde pour se faire mal parce que les supérieurs ils cachent des vices parce qu'ils ont le pouvoir et nous que l'écuelle sacro-sainte des dames pipi qui font du bruit quand on la secoue et on a cousu ça sur des fils noirs qu'on a balancé avec des langues en sus sur les rebords des fenêtres pleines de géraniums ou d'hibiscus que tout le monde applaudissait et que même d'autres femmes nous ont rejointes en longues files jusque dans tous les autres hôtels et restaurants qu'on a fermés à double tour et des pigeons et des oiseaux ont mangé des bouts et qu'y nous ont bien regardé dans les yeux. Des grappes de choses, de muqueuses sanguinolentes et gorgées de gaz, tiens, ça prend pas d's. Et on a r'gardé aussi. Ceux qui restaient ont commencé à pisser comme des chiens contre des murs que tout le monde disait que ça puait et que nous on répondait "si c'est des chiens, il ne reste plus qu'à ce qu'ils gueulent à la lune" et on riait parce qu'on était fortes et eux si faible. C'est pour eux qu'on cause mieux aux animaux : pour qu'y comprennent. "Tu le lèches, tu le lèches, arrache-toi les yeux, une tombe une tombe une tombe en forme d'écorce les rats lesrats lesratslesratslesratslesratslesratslesratslesratslesratslesratslesratslesratslesrats".Tant qu'à être bêtes, autant l'être totalement et puis pour deux ou bien cent et pis tant qu'à faire semblant, autant le faire bien. Avec les water closets, y z'ont plus pus faire. Alors ils ont commencé à se rabougrir. Nous ont saisissaient tout. Les dames pipi, vous savez, c'est pas bien des chiens : ça vaut plus que six filles réunies (pas la tortue). On connait les hommes, leur mauvais parfum ambré de trop, on les repère à dix lieues à la ronde : y'a une justice, nous on sent bon, une justice pour tous même pour eux. Même si la justice est faite pour et par eux. Toujours. On les aura. Nous les aurons. Et puis les condés sont passés, on a réouvert, on n'a pas eu le choix. On a traîné tant qu'on a pu et puis certaines têtes sont tombées, pour de vrai, au milieu des rues. Les caniveaux s'emplissaient de sang et les sangsues commençaient à sortir. On mettait les guirlandes des autres par dessus. Pour que les chairs se mélangent : on cherchait à les faire de nouveau enfanter... Certaines ont été en taule pour les guirlandes d'organes. Moi j'ai rien eu. Ou si peu. On m'a emprisonnée dans une forêt.

Il y'a une publicité sur le mur de la forêt qui monte sur le nord du tronc d'un pommier et qui montre une femme devant l'appareil ménager que vient de lui offrir son gentil et attentionné mari. Il y'a marqué : "Le cadeau idéal pour toutes les occasions". Moi je crois que le plus beau des cadeaux idéaux pour une femme, c'est d'être aimée pour de vrai. Ouais, d'être aimée, et pas qu'un peu. Un enfant. Qu'il lui donne un enfant qu'elle puisse étouffer.” (Alban Orsini)


(Suite de l’histoire n°4) “Que reste-t-il de Greta ?
Elle-même n’en est plus très sûre et, alors qu’elle déverrouille la porte de son appartement, un doute la saisit. Habite-t-elle bien ici ? Avec son jeu, la légèreté l’envahit, qui a chassé au loin toute préoccupation. Elle est désormais cette femme qui s’assoit au bar et qui sympathise avec des hommes, une femme qui s’affermit dans son subconscient et qui, déjà, détermine quel sera son rôle du lendemain. Pourquoi pas une femme forte, pour changer. Une créature magnétique, pas fatale, mais toute en pouvoir contenu, écrasant le monde comme elle martelle les rues, de ses talons aiguille. Une femme au maquillage appuyé, qui donnerait des ordres, « croque dans cette pomme Adam », une femme forte, une femme majuscule, raide comme la justice, une femme devant laquelle tous se plieraient.
A mesure que l’idée lui vient, Greta s’effraie un peu. Le rôle est ambitieux et elle ne pratique l’exercice que depuis deux jours. Mais elle a compris que, pour que son stratagème fonctionne, il fallait qu’elle s’immerge dès le réveil, que ses premières actions soient déjà celles d’une autre. Sa manière de bailler, de se lever, de se laver et bien sûr de s’habiller. Tous ces petits gestes qui contiennent plus de ces personnalités fictives que de longs discours ; elle travaille à partir des détails. Oui, elle sera cette femme stricte, en tailleur qui promènera son regard dédaigneux sur les hommes, les martyrisant d’un claquement de doigts, les récompensant d’une œillade. Il lui faudra encore un objectif, quelque-chose à faire de sa journée. C’est sans conteste une femme importante, à la tête d’une entreprise. Ou à un poste à responsabilités. Elle pourrait travailler avenue Montaigne. Elle a un poste exécutif pour les cognacs Hennessy. Elle a le palais sûr, elle a l’habitude d’en remontrer à tous, elle boit du cognac, et du champagne aussi - ce qu’elle préfère, ce sont les couleurs, la robe jaune intense du Grand vintage, la pâleur florale du Rosé impérial…
Allongée dans son lit, déjà, elle sent le breuvage humecter ses lèvres. Elle voudrait rêver de ce rôle, de cette femme qu’elle pourrait être, non, de cette femme qu’elle sera demain. Doucement elle bascule, sa tête glisse sur l’oreiller, ses yeux se ferment complètement. De petites bulles s’échappent de sa bouche, ça y est, elle nage, loin.” (Julien D.)


(Suite de l’histoire n°5) “Elle détacha la clé de son porte-clé, puis ouvrit le téléphone, en retira la batterie et y introduisit la clé qui s’y inséra parfaitement. Elle referma l’appareil et l’appliqua sur le cadenas. Celui-ci se mit à se balancer avec un vague grésillement, et « clic ! », la porte s’ouvrit. Maya sourit vaguement, et s’échappa dans le couloir décoré d’un papier peint défraîchi aux motifs fruitiers. « Ridicule », songea-t-elle avant de se glisser dehors, sous la lune pâle. ” (Juliette Sabbah)

lundi 16 avril 2012

TEAM ONE - episode 60


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Salomon opina du chef. Manifestement, son interlocuteur n’attendait pas, pour l’instant, qu’il participe davantage à la conversation. Il invita le jeune homme à s’asseoir, fit apporter des rafraîchissements par le majordome, et poursuivit.
- Donc, vous êtes précepteur, vous enseignez. Quel beau métier ! Le savoir, l’art de la parole, tout cela est bien trop élevé pour un pauvre marchand de légumes tel que moi, mais voyez-vous je sais apprécier les belles choses, et veux récompenser ceux qui y consacrent leur vie.
Perplexe, Salomon continua à se taire. Qu’aurait-il pu dire, mis à part qu’il était d’accord, et que c’étaient de fort beaux sentiments que M. Larondière lui faisait l’honneur de partager avec lui ? Il aurait pourtant eu bien des questions à lui poser, sur la raison qui l’avait poussé à lui offrir un emploi, sur la nature de cet emploi, sur sa rémunération, sur Griselda et l’intérêt qu’elle semblait manifester pour lui. Mais ce fut le grand homme blond qui, après avoir siroté son whisky avec componction, finit par l’interroger :
-       Et votre cousin David, n’est-il pas en mesure de vous aider, par les temps qui courent ?” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Dépité, angoissé, je leur demande comment ils comptent procéder.
– Ne t'en fais pas, répond Locus. On s'en occupe.
Sans plus attendre, d'ailleurs, il ressort de sa poche les clés de la maison et celles de la voiture. Dehors, l'après-midi est radieux, mais on aperçoit, incongrûment, un croissant de lune toute blanche qui flotte dans le ciel bleu. Nous roulons quelques minutes, puis Locus arrête la voiture devant une station de RER.
– Ben alors, je fais quoi, moi ? je demande.
– Tu ne fais rien, répond Locus. Tu vis ta vie, normalement. Tu rentres chez toi, tu ne te préoccupes pas de savoir si tu es suivi, si quelqu'un est planté devant ton immeuble. Il est à prévoir que d'ici quelques jours, nos adversaires vont prendre contact avec toi.
– Ils ne voudront sans doute te faire aucun mal, précise Reinette. Cela ne leur sert à rien de te torturer, de te faire trembler de peur, et surtout de te blesser ou de te tuer. Ils voudront simplement te parler, te poser quelques questions, et espérer soutirer de tes réponses, à ton insu, les renseignements qu'ils désirent.
– Avec un peu de chance, complète Locus, ils t'offriront même peut-être un verre, ou un dîner au resto.
Je ne suis pas du tout rassuré, mais je descend de voiture et me dirige vers le guichet pour m'acheter un ticket.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “« Projet Nocturne. » La première fois qu’il en avait entendu parler, il traînait avec un de ces types qui semblent tout connaître du Grand Jeu. C’était un américain d’une soixantaine d’années qui avait traversé tous les conflits, vécu d’innombrables vies en tous lieux du monde, à tous les étages de la société. Il avait de profonds yeux très las — tous les mots de ses interlocuteurs venaient se noyer dans leur boue.
Ils se trouvaient dans une base secrète du groupe Lockheed Martin, autour d’un prototype de gilet pare-balle révolutionnaire. Un des scientifiques, fier de son travail, l’avait comparé à un projet secret dont il avait prononcé le nom de code, « Projet Nocturne » ; le regard du vieil espion s’était soudainement animé. Il avait posé des questions, anxieux d’en connaître le plus possible. Bien vite, plus personne ne se souciait du prototype ; la conversation s’enflammait, et chacun d’avancer ses hypothèses toujours plus ahurissantes sur ce fabuleux projet d’invisibilité à l’œil humain.” (Louis Butin)



(Suite de l’histoire n°5) “— Ces années là-bas, explique Keiko, ça l'a drôlement changée. Elle a mûri, sans doute, vieilli, mais ce n'est pas seulement ça. Elle est plus vide. Ce n'est pas si facile de la faire rire et de surcroît, c'est souvent un peu creux.
Les cuisiniers ne disent rien. Ken'ichi inquiet voit la bête voyager sous la peau d'Etsuko : gorge, poitrine, ventre, bientôt sexe. Il rougit en adolescent qu'il n'est plus tout à fait. "Mais c'est qu'un monstre la mange de l'intérieur", pourrait-il suggérer.
— Où est-ce, là-bas, demande poliment Katsuhiro, l'homme du Nord.
— Ah, dit Keiko, les États-Unis. Elle y a travaillé six ans à la fac puis dans je ne sais quelle entreprise de jeux vidéos, à faire de la modélisation ou bien… À vrai dire, c'est compliqué.
La bête ne sort pas. Elle reste dans le ventre, à ronger le foie de la malheureuse. Il faudrait la coucher, se dit Ken'ichi, lui poser l'oreille sur l'estomac et parler à cette créature.
— Dis-moi, finit-il par murmurer, elle n'a pas l'air très bien, ta sœur.
— Elle dort, elle est crevée, s'étonne Keiko.
— Non, dit le garçon. Tu permets ?” (Dragon Ash)

TEAM ONE - episode 59


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “– Cher Monsieur Aleichem, ma fille m’a beaucoup parlé de vous, je suis enchanté de vous rencontrer enfin.
Salomon, heureux et confus d’être si bien accueilli, tendit une main timide tout en maintenant son regard fixé sur ses pieds.
-       Griselda m’a dit que vous rencontriez ces derniers temps quelques… difficultés dans le domaine professionnel ? Il n’attendit pas la réponse de Salomon, et poursuivit. C’est une telle injustice, vraiment, de ne pas donner leur chance à des jeunes gens talentueux. Croyez-moi, certaines personnes ne méritent pas leur richesse. A quoi sert l’argent, sinon à prendre des paris ? Ce sont ces audacieux coups de dés qui font le génie d’un homme d’affaires, pas la frilosité de tous ces gens qui restent tapis derrière leurs bureaux comme des crapauds en attente d’une mouche.” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “– Que faire ? répond Locus. Leur laisser carte blanche, tout simplement.
– Que veux-tu dire ? je demande, légèrement angoissé.
– Mais oui, tu as raison ! s'exclame Reinette sans lui laisser le temps de répondre.
– Tu as raison, quoi ?
– Écoute, dit-elle en se tournant vers moi, si leur intention est de t'enlever, nous, on les laissera faire.
– Nous en serons même ravis ! interjecte Locus.
– Très spirituel, Jean. On les laissera faire, et nous vous emboîterons le pas, nous vous suivrons à la trace.
– En somme, reprend Locus, nous leur ferons précisément ce qu'ils sont en train de nous faire actuellement : nous les laisserons abattre leur jeu et nous les laisserons nous dire tout ce que nous voulons savoir. Il y a là, il me semble, un bel équilibre.
– C'est justice, en effet.
Reinette et Locus se regardent d'un air satisfait, puis se tournent vers Padlock qui hausse les épaules.
– Ben, et moi ? dis-je. Qu'est-ce qu'il va m'arriver, à moi ? Est-ce que je ne serai pas en danger ?
– En danger mortel, en effet, répond Locus. En gros, on fera de notre mieux pour te protéger, mais rien n'est certain. Tout dépendra des circonstances.
– Du hasard, complète Reinette.
– Un coup de dés ! je ne peux m'empêcher de crier. Je n'ai rien fait, je n'ai rien demandé, et je me retrouve dans une situation où je risque de mourir par hasard !
– Ces risques ne changent pas, ne diminuent pas si tu ne nous aides pas, dit Locus.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “Dans ce courrier, il lui parlait de ces hasards et ces coups du sort qui nous semblent des signes. Il évoquait la présence mystérieuse, non pas la main de Dieu, mais sa trace, les sentiers que Ses pas foulent pour nous. Devant une telle femme, manifestation de grâce éblouissante, il s’en remettait à ce genre de bêtises superstitieuses — à espérer qu’elle fût pour lui une partie de son destin.
Il en était revenu, de ces croyances imbéciles. Fut un temps, avant ses aventures de mercenaire cynique, il croyait même au jugement des mauvais hommes, à leur déchéance, sinon sur Terre, du moins au Ciel. Mais à se voir ainsi, au seuil de la maison de cette femme, il se demandait si tout cela lui était vraiment passé.” (Louis Butin)



(Suite de l’histoire n°5) “L'animal lui descend dans la gorge. Elle ouvre la bouche : c'est le singe qui parle, d'une voix tranquille et veloutée que personne, hors Etsuko, ne comprend.
— Qu'elle se mette à nu, qu'elle sache ce qu'elle aime vraiment ou qui elle aime vraiment. Qu'elle cesse de dériver entre les malheurs des uns et des autres. Qu'elle cesse de fuir. Qu'elle ne cherche pas l'oubli, elle risque d'y périr.
Keiko lui tâte le front du dos de la main.
— Qu'est-ce que tu marmonnes, sœurette ?
— Elle s'est endormie sur tes genoux, Kei-chan.
Les deux hommes se penchent sur Etsuko. Le garçon aux cheveux teints, Ken'ichi, rajuste d'une main tremblante le col de son chemisier. Non que la flèche de Cupidon soudain l'ait atteint : c'est plutôt qu'il sent frémir sous la peau de la jeune femme une présence inconnue. Il a toujours su ces choses. Mais comment expliquer à Keiko que sa sœur est visitée par un yokai ?” (Dragon Ash)

TEAM ONE - episode 58


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Il fut accueilli par un domestique en livrée, qui le mena jusqu’au salon dans lequel brûlait un bon feu. Le tout, sans un mot. Manifestement, Salomon était attendu. Devant la cheminée, dans un confortable fauteuil de velours, était installé un homme d’environ cinquante-cinq ans, à la chevelure encore bien fournie, blonde comme les flammes qui jaillissaient en face de lui. Son visage était marqué par le temps, mais les rides qui le creusaient, au lieu de lui donner l’air fatigué, ou de dévoiler au monde les épreuves qu’il avait subies, lui donnaient au contraire une allure insaisissable. Une dureté générique, en quelque sorte, qui ne s’adressait pas à la personne se trouvant en face de lui, mais au monde en général. Il se leva, et sa voix, douce et posée, était en flagrant contraste avec sa sévère allure.” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “– Ce que je voulais, poursuit Reinette, c'est lui donner certaines informations, au compte-goutte, pour voir si elles filtraient ensuite à l'extérieur. Cela aurait voulu dire que c'est d'Argus, délibérément ou non, que nos adversaires tiennent leurs renseignements. Mais rien n'a filtré. Fausse piste.
Locus ne dit rien depuis un bon moment, mais surtout il ne semble même plus écouter. Il semble engagé dans un long monologue intérieur.
– Il faut jeter de l'huile sur le feu ! s'écrie-t-il brusquement.
Nous nous tournons tous vers lui, étonnés.
– Les textos, dit-il encore, nous regardant l'un après l'autre. Les textos. C'est grâce à eux qu'on pourra trouver l'identité de la taupe. L'un d'entre eux aura remarqué que Monsbre (Monsbre, c'est moi) te suivait, Reinette, et il lui auront sans doute donné juste assez d'informations pour qu'il puisse continuer à te filer. C'est un ami, il est inoffensif, tu ne t'en inquiéterais donc pas. Et ça marche ! Tu vois, il a tout découvert, nous lui avons tout dit !
Il se tourne vers moi :
– Tu dis que tu as été suivi ce matin.
– Oui, deux types.
– Deux types faciles à remarquer, n'est-ce pas ?
– En effet, surtout le premier, avec son énorme afro.
– C'est bien ce que je pensais. Ils se sont laissés voir. Ils ont provoqué cette rencontre, ils nous ont obligé, sans rien dire, à abattre notre jeu. Et leur intention, j'en suis absolument, absolument certain, c'est de te kidnapper ensuite et de soutirer toutes les informations que tu as découvertes !
– Que faire alors ? demande Reinette.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “Deux yeux animés, deux sourcils froncés sous un front gracieux peuvent donc tout embraser, révéler toutes les forces dormantes d’un humain embarrassé du poids d’une jeunesse pleine de malentendus. Il voulait lui parler, échanger quelques mots, n’importe lesquels, mais il se sentait l’intelligence bien trop limitée pour elle. De la rage contre lui-même, voilà ce qu’il avait ressenti ; timidité, stupeur, bêtise, naïveté, toutes ces limites dont il fallait se débarrasser au plus vite. Il avait tenté de lui écrire plusieurs lettres. Il n’en avait envoyé qu’une, à laquelle elle n’avait pas répondu. ” (Louis Butin)



(Suite de l’histoire n°5) “Le singe est armé : ses orbites recèlent des torches. Il tournoie dans le cerveau d'Etsuko, babines retroussées, hurlant. Elle sait ce qu'il cherche : le souvenir, le souvenir, mon Dieu. Les flammes lui lèchent les méninges. Et Keiko tout contre elle qui ne voit rien, ne sent rien, plaisante avec les cuistots, glousse et crache la fumée de sa cigarette par les narines. Pas moyen d'échapper à la bête en elle, à ses danses sauvages. Qu'a-t-il retrouvé ? Un lambeau qu'il brandit, victorieux. Regarde, regarde, Etsu-chan : tu le reconnais, l'homme dans le désert, les yeux plissés sous le soleil ? Le lac aux eaux couleur de lait, tu te souviens ? Les mensonges suaves qui te coulaient des lèvres ?” (Dragon Ash)


TEAM ONE - episode 57


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(Suite de l’histoire n°1) “Bien qu’il ne s’attendit pas à arriver devant une maison misérable, ou un simple étal de fruits et légumes, Salomon n’en fut pas moins surpris de découvrir la magnificence de la demeure du père de Griselda. M. Larondière était manifestement tout à fait prospère, et sa maison rivalisait d’élégance avec celle de David. Peut-être avait-elle cependant quelque chose de légèrement plus… ancré, massif, l’air d’avoir toujours été là, alors que le manoir des Aleichem, aux moulures plus baroques, semblait plus aérien, tendu vers le ciel. A l’entrée, Salomon fut repris par l’angoisse, et attendit, avant de sonner à la porte, de s’être composé un visage de circonstance.” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Reinette s'arrête de parler et me regarde intensément.
– Tu comprends ce que cela signifie ? demande-t-elle. Tu vois le problème ?
Je ne réponds pas, parce que je ne sais pas quoi répondre.
– Ils n'ont pas appris toutes ces choses, continue-t-elle, par hasard, par un coup de chance extraordinaire, ou en agitant une baguette magique. Il y a une taupe.
– Une taupe ?
– Oui. C'est-à-dire la pire des catastrophes pour une service comme le nôtre. Le Manitou est très malheureux (à ce mot, Padlock ne peut s'empêcher de ricaner doucement). La mission qui nous a été confiée est de découvrir l'identité de cette taupe. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai pris contact avec Argus.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “Coralie, il aura tellement été dans son ombre. Drôle de fille fascinante, cerveau capable des plus miraculeux tours — à Cambridge, on ne parlait que d’elle. Ils avaient croisé les regards, une fois. Elle l’avait dévisagé fugitivement. Il n’avait alors pas compris le sens de son visage interloqué. Maintenant, il pense comprendre : en l’apercevant, elle a cru voir l’autre, le curieux géant. Avait-il donc une telle ressemblance avec ce… ? Il est vrai qu’à l’époque il se laissait pousser les cheveux… C’était avant sa période aux commandos. Mais ce regard foudroyant de la part d’une des plus redoutables intelligences qui se puisse trouver l’avait marqué à vie, avait infléchi son inertie rectiligne d’alors, avait bouleversé sa stupide trajectoire newtonienne : pour retrouver cette exaltation, il avait dès lors cherché partout le danger.” (Louis Butin)



(Suite de l’histoire n°5) “— En proton ?
— Putain, Kei-chan… Oui, si tu veux.
— Viens, murmure Keiko, maternelle.
Etsuko se couche contre sa sœur, pose la tête sur les genoux de celle-ci, regarde le ciel qui lentement s'éclaire.
— Tu ne regrettes pas d'être revenue, hein, Etsu-chan ?
Etsuko secoue la tête.
Sa sœur allume une cigarette.
— Frères et sœurs, bien sûr, on a le droit de se disperser, de prendre son envol. Mais… c'était curieux, toutes ces années. Un trou.
— Elles n'existent plus, marmonne Etsuko.
Du café d'en face, sortent deux cuisiniers épuisés, le bandeau de travers.
— Oh, les sœurs Kagi ! Elles sont longues, les nuits, hein, Kei-chan ? Katsu ? Il est où ?
— Il finit la vaisselle.
Etsuko entend les allumettes craquer, sent le soufre, le tabac frais, le graillon, la sueur et même comme une vague odeur de merde. Elle a la main sur les yeux. L'un des cuisiniers est jeune, les cheveux blonds, la voix curieusement cuivré. L'autre est un petit vieux aux jambes torses qui parle avec l'accent du grand Nord. Keiko caresse les cheveux de sa sœur.
— Ne repars surtout pas, comprend Etsuko.
Une petite patte velue, verdâtre, s'insinue entre ses doigts puis glisse, insubstantielle, sous ses paupières.” (Dragon Ash)

TEAM ONE - episode 56


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(Suite de l’histoire n°1) “Voulant économiser le peu d’argent qu’il lui restait, Salomon s’était mis en route à pied, ce dont il voyait à présent les inconvénients. Il arriverait là-bas la goutte au nez, les mains engourdies, et le cerveau ralenti par le froid. Il pressa le pas pour le réchauffer, sans se soucier d’observer, de part et d’autre de la rue, les jolies maisons alignées, et les arbres à présent dégarnis, qui formaient un paysage d’hiver, certes guère joyeux, mais au moins distrayant. Non, Salomon s’interrogeait : que fallait-il penser de ce qui était en train de se passer ? De l’inquiétude de David, du destin de Hershe ? Fallait-il y voir un complot, ourdi par les autorités, contre la communauté ? Cela aurait été bien étrange, d’autant que la majorité d’entre eux étaient patriotes, et que leur culture, ou leur religion, jouait un rôle tout à fait restreint dans leur manière de vivre. Et puis, il détenait à présent la preuve que tous ces discours alarmistes étaient bien injustes. Ne venait-il pas de se voir offrir, lui, Salomon Aleichem, un poste par un homme d’affaires prospère, dont les racines plongeaient au plus profond de la nation française ? ” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Argus a eu la bonne idée de nous montrer ces images...
Je l'interromps : « Nous... c'est-à-dire... »
– T'occupe, grogne Locus. Les grands chefs et le grand Manitou se sont rencontrés, ils ont discuté, pesé, soupesé, réfléchi, pondéré, et ils en sont venus à la conclusion qui est d'une évidence énorme : Argus a filmé, bien involontairement, a filmé un vol d'essai d'un nouveau missile iranien.
– Un missile, poursuit Reinette, que les Iraniens désignent par le nom de code : l'Arbre.
Tout à coup, la foudre éclate dans ma tête : l'Arbre ! « Où va l'arbre » ! Comment est-ce possible ? comment est-ce que mes rêves... ?
Mais elle n'a pas cessé de parler :
– Le problème, c'est que notre découverte n'est pas restée secrète : ils l'ont appris, et tout porte à croire qu'ils ont même vu les images filmées par Argus.” (FG)




(Suite de l’histoire n°4) “Il n’avait jamais eu affaire à des types pareils : pas de chef, même symbolique, des échanges de codes inconcevables, signaux et écrans de fumée, mais surtout pas de noms permettant de reconnaître leurs agents, peu d’humanité — de ces signes distinctifs, humour et petites névroses qui s’observent dans la conversation. Un frisson lui court dans l’échine, à l’unisson du feuillage frémissant sous un coup de vent. Comment, face à tous ces mystères, ces dangers, rétablir l’équilibre ? Le jeu en valait-il la chandelle ? S’il n’avait pas su qui était sa cible, il n’aurait pas pris de tels risques.” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “Elle sera punie de sa fausseté, se dit-elle, mais de quelle manière ?
— Tu crois ? Mais je ne sais rien faire.
— On te paiera des cours, alors. Tu vas rester avec Daisuke ? Tu l'aimes ?
Admettons, poursuit Etsuko, in petto.
— Oui, je pense.
— Katsu a planté un plaqueminier en bas de l'immeuble. Les copropriétaires étaient d'accord. Sauf les glandeurs du deuxième, ils ont peur pour leur soleil.
— Ils sont propriétaires, eux ?
Keiko observe sa sœur du coin de l'œil.
— Fils de. Il te reste des clopes, par hasard ?
Etsuko pose un paquet de Peace entre elles deux.
— Ah, je vois, rigole Keiko. C'est fumer japonais et mourir japonais, ces jours-ci. Au fait, on a changé de plan pour la manif. Finalement, ce sera à la gare de Shibuya. On sera déguisés en particules atomiques. Ça peut être assez drôle.
Etsuko ferme les yeux et voit sa sœur la tête sous un masque orange, scintillant soudain d'un éclat insupportable.
— Je viendrai, murmure-t-elle, épuisée.” (Dragon Ash)

TEAM ONE - episode 55


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Quelques jours plus tard, le pas vif et l’œil alerte, Salomon se rendit dans une maison cossue d’un quartier résidentiel de la ville, pour rencontrer son futur employeur. A dire vrai, son assurance n’était que de façade, et au fond de lui-même il n’aurait rien tant souhaité que de rester confortablement chez lui. Mais même cela n’était plus possible. Mme Cohen ne cessait de lui demander des nouvelles de son fils, et Salomon, rougissant de sa propre poltronnerie, n’avait osé lui avouer qu’il avait bien vite renoncé à demander de l’aide à son cousin, après que celui-ci avait si violemment réagi à une banale allusion à la condition présente de Hershe. Mme Cohen continuait cependant à croire en sa bonne étoile, que Salomon se serait bien passé d’incarner. Elle n’avait toujours pas eu de nouvelles de son fils, bien qu’elle n’eut cessé de se rendre au commissariat pour en obtenir. Les policiers, après lui avoir dit que Hershe avait été emmené en-dehors de la ville pour être interrogé, étaient toujours restés muets. Le sujet même de ces interrogatoires (il était bien difficile d’imaginer ce bon à rien de Hershe en redoutable comploteur) demeurait un mystère. ” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Je ne sais pas très bien comment il a fait, mais Argus a réussi à convaincre les autorités iraniennes de tourner là-bas, en Iran. Une scène importante devait se passer dans la grande mosquée de Téhéran, cela lui a été refusé, mais on lui a permis, en revanche, d'aller presque partout où il voulait. Je crois que les Iraniens se sont imaginés que ce film serait flatteur pour eux et leur pays, je ne sais pas. Toujours est-il qu'Argus a choisi de faire un tournage de nuit, assez loin de toute ville, dans un champs où broutaient quelques moutons. Ils étaient en train de filmer, les acteurs récitaient leur texte, quand tout à coup, derrière eux, un objet extrêmement lumineux a traversé le ciel à une vitesse extraordinaire, beaucoup plus rapide qu'un avion.
Remarque bien que c'est Argus lui-même qui nous a raconté tout ça, et il nous a montré ses rushes pour le prouver. On voit très bien, derrière les acteurs, cette espèce d'étoile filante, et on peut entendre une sorte de sifflement grave.
À ce moment, Locus, interrompit Reinette et prit la parole à son tour.
– Or cet objet était beaucoup trop lumineux pour être un météore, beaucoup trop rapide pour être un avion.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “***
Devant la maison de Coralie, Antoine, perplexe — il a échoué. Il sait, il sent que quelque chose lui a échappé hier soir. Sans ce géant à tête de mouton, il aurait su mener à bien sa mission.
Et maintenant, on l’a mis sur la touche. Des tueurs pour le dégager, il les a repérés en quittant l’hôtel en douce. Il s’y attendait — au moins, son instinct aura prévu ce coup-là. De vrais sales types, cette organisation. Il a fait ce qu’on lui a dit de faire : séduire la cible, la droguer (le pot de glace), ouvrir l’œil, repérer les lieux (près de cent photographies envoyées de son portable) et même montrer ce fichu DVD pornographique, aussi gênant que cela a pu être.
” (Louis Butin)




(Suite de l’histoire n°5) “La nuit est presque finie, elles sont assises devant les marches du cabaret de l'Amour et pourraient compter les étoiles si le ciel n'était pas si brumeux.
— J'ai pris la décision de rester, dit Etsuko, de changer de vie.
— Je ne peux pas dire que ça ne me fasse pas plaisir, reconnaît Keiko.
Katsu dans le bar fait la vaisselle en chantant. S'ils n'avaient pas bu, s'il n'était pas si tard, ils iraient en voiture sur la plage, les héritiers Kagi.
— Et changer de vie, ça veut dire quoi ?
— Vous aider, dans un premier temps. Puis trouver un autre métier.
Il se peut d'ailleurs, songe Etsuko avec une angoisse sans nom, que le Grand Bouddha ait également avalé sa science. Elle n'a plus aucun souvenir de ce qu'elle faisait là-bas, ailleurs qu'elle a bien du mal à définir. Longs bâtiments blancs dans un désert rouge, orange le soir ? Vraiment ? Mieux vaut éviter le sujet. Elle ne veut pas inquiéter son frère et sa sœur et mentira par conséquent, une fois de plus.
Un œil doré clignote dans sa mémoire.
— Je vais me renseigner sur les écoles de cuisine.
— Mais tu sais, le bar peut nourrir trois personnes.
Etsuko cependant se voit, un foulard dans les cheveux, vendre des beignets de pieuvre à Enoshima. Le soir, elle dort dans une maison qui ne fait pas plus de dix tatamis. Ou bien dans une cantine de fortune — autre mensonge qui la rattrape : elle fait cuire des marmites entières de soba pour les orphelins du Tohoku. La pluie claque sur les bâches. ” (Dragon Ash)

TEAM ONE - episode 54


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(Suite de l’histoire n°1) “Il ne parvenait pas tout à fait à croire en sa bonne fortune. Quel était le travail que lui destinait le père de Griselda ? Et que lui avait-elle dit pour le convaincre d’embaucher un jeune homme qui lui était totalement inconnu ? Salomon l’ignorait, mais du reste il ne cherchait pas véritablement à le savoir. Cette offre signifiait avant tout que la jeune femme pensait à lui, qu’elle essayait de créer des passerelles entre eux deux. C’était bien assez pour qu’il passe toute la journée dans un état second, planant au-dessus des rues grises et sales, voyant dans les vitrines brisées des négoces alentours des mosaïques merveilleuses dignes des plus grands musées.” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Il ne répond pas. Nous roulons assez longtemps, en silence. La voiture sort de Paris, fonce sur des boulevards inconnus, puis tourne brusquement dans une petite rue, puis une autre, puis une troisième, et s'arrête enfin devant un pavillon de banlieue, qui semble avoir été choisi parfaitement au hasard. Nous descendons. Locus inscrit un code sur le digicode de la grille, puis ouvre la porte à l'aide d'une clé qu'il a mis quelque temps à trouver dans la poche de son pantalon. La maison est coquette, mais tout à fait vide. Pas un meuble, pas une chaise. Derrière, par de grandes fenêtres, on peut voir un petit jardin à l'abandon, qui a dû être très joli autrefois. Un petit pont japonais, qui enjambait sans doute un petit ruisseau qui n'existe plus, se dresse parmi les mauvaises herbes, comme ces châteaux écossais que de riches Américains font démolir et reconstruire pierre à pierre dans le désert du Texas.
Locus, Padlock et Reinette se sont assis par terre. Je les imite. C'est Reinette qui parle la première.
– Tristan Argus est un réalisateur, tu le sais déjà sûrement. (Je fais signe que oui). Son prochain film devait être un thriller dans lequel un touriste iranien sauve un avion détourné par des terroristes.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “La limite s’est abolie dans un mælstrom liquide. Le son cérébral tourbillonne, lancinante turbine corticale, au rythme de l’injection du sang dans le cerveau. On s’avance, planant, glissant, dans l’obscurité pleine d’esquisses fractales. L’issue se rapproche, la fin. Neuf dés roulent, puis huit, puis sept, puis six, puis cinq, puis quatre…” (Louis Butin)



(Suite de l’histoire n°5) “***
voula jaivu dan vautram onpeu padir keussassauha plaizan laukoul madam laukoul souleupon anpaurttan vaupanssai aimaim jeukroa laitainssel vital jeumeu gliss dan louvairtur devauzauraye ainaj danleu ragou deuvaupanssai jeuramass laibribb kitrainnla dai souveunir jeupanss jeupaich ailai satrap ailai reukou aisaurai voulai sairvir antanutil faulkeu vousaitt manjeuz doubli” (Dragon Ash)