lundi 26 mars 2012

TEAM ONE - Episode 35

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Ces bisbilles d’enfants étaient effacées par la poignée de main. Salomon se sentait élevé jusqu’aux sommets. Sorti des rangs des moutons pour devenir quelque chose de plus noble. Son apparence physique s’en trouvait transformée : ses yeux un peu globuleux brillaient d’un nouvel éclat, sa bouche aux lèvres charnues s’était durcie d’un pli volontaire. Et, comme pour parachever une chance à laquelle quelques heures auparavant il n’osait pas encore croire, il entendit David dire :
- Ah, voici Griselda. Je ne sais si tu as eu hier l’occasion de lui être présenté.” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “Heisenberg ouvrit les yeux. Il n’était pas chez lui. Son regard se posa sur un sac de voyage, posé devant lui, ouvert, d’où dépassaient chemises et caleçons, jetés sans ordre les uns sur les autres. Il essaya de se lever, en vain. Ses mains étaient attachées dans son dos. On l’avait assis sur une chaise, menotté, au milieu d’une jolie chambre, fleurie, décorée avec goût, quoique sans originalité, dans un style balnéaire, qui mêlait marines accrochées aux murs, bouées, coquillages et maquettes de bateau. Heisenberg fut tiré de sa contemplation par une voix provenant du cabinet de toilette: “Non, je ne m’en suis pas débarrassé. Et qu’est-ce que cela veut dire, débarrasse-t-en? Je ne suis pas un assassin. Non, il est là, attaché. Non, non, il n’est pas éveillé. Ce que je compte faire? - Mais c’est à toi de me le dire!”.” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Mon regard ne peut plus se détacher de cette personne qui arrive, dont les contours deviennent de plus en plus précis au fur et à mesure qu'elle s'approche. Je suis comme le parent inquiet, qui voit par la fenêtre arriver son enfant qui avait disparu depuis des heures, je suis comme l'amoureux transi qui attend son amoureuse à la sortie de l'aéroport, un bouquet de roses à la main. L'inconnu vient de traverser la rue, il s'apprête à s'engager sur le pont ; je compte chacun de ses pas, 15, 16, 17... Je regarde l'heure sur mon téléphone : 5h15.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “On percevait par les murs ou la fenêtre, étouffés, les sifflements des avions. Il rêvait qu’il ouvrait ses boutons, qu’il la touchait autant qu’il voulait ; il s’occupait d’elle avec l’avidité méticuleuse d’un comptable à son audit. Il sentait le danger, le poison qui lui collait aux mains, le parfum capiteux de tout cela. Il voulait fuir la maison. Mais il ne faisait que se perdre dans le noir de ses couloirs, comme sous le choc de la pierre, et après une nouvelle tentative de fuite, il se retrouvait encore au pied du lit de Coralie.” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “En Zeus qu'il avait déjà amplement exploré durant le long hiver des canyons, il ne croisa que des joueurs hostiles, habités par le seul désir de détruire les quelques vies des malheureux qui s'aventuraient dans leur zone. Au niveau suivant — la Poursuite de Diane, il traqua une bonne demi-heure la jeune Ledoux, la jolie (du moins le supposait-il) Québécoise, et finit par la trucider sur le fleuve des Enfers.
— C'est malin, gémit-elle. On est au 15 du mois, je vais devoir m'abstenir de jouer jusqu'au 30. Je n'ai plus un dollar de crédit.
— Je vous en prête ?
— C'est interdit.
Le tonnerre se déchaînait sur les canyons.
— Ledoux, vous voyez quoi par votre fenêtre ?
— Rien de spécial. Un jardin, des chats qui se battent la nuit. Ce n'est pas encore l'heure, mais je peux vous dire qu'ils nous font un foutu sabbat, avec cris d'enfants égorgés et effusions de sang. Plus loin, il y a l'hôpital. Ça m'arrive de regarder les chambres aux jumelles. Quand je m'ennuie. Et vous ? Vous voyez quoi ?
— Le désert, dit Arrow. L'orage. Certains soirs, des collègues qui jouent au tennis dans la salle de sport. Des oiseaux de nuit. Mon patron, van Doorn, qui prend sa voiture en pleine nuit pour aller on ne sait où. Et une fois dans ma vie, une fois, un puma, mais je n'en suis pas sûr.
— Vous cherchez toujours Shark ? Je crois qu'hier, ou avant-hier, il a pilé McMagnet dans les Plaines de cendre.
— Ledoux, murmura Arrow, je vous parle d'un puma sur le parking : doré, tranquille, il foule le bitume de ses pattes puissantes. Vous vous en foutez ?
— Vous avez bu, Icare, fit Ledoux.
— J'aimerais bien. Mon voisin du dessous vient d'allumer son troisième joint. Non, Ledoux, je suis atrocement lucide. ” (Dragon Ash)