mardi 3 avril 2012

TEAM ONE - Episode 51

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]




(Suite de l’histoire n°1) “Un jour qu’il était chez lui, assis à sa petite table de travail, contemplant le peu d’argent qu’il lui restait à la faible lueur d’une ampoule en fin de vie, on frappa à sa porte. C’était sa gardienne, qui l’informait que l’épicier avait reçu un appel pour lui. Etonné, Salomon se précipita chez le marchand, dont le visage exprimait une seule et unique émotion : la curiosité. Salomon se sentit mal à l’aise de devoir répondre devant lui, mais il n’avait pas le choix. Il approcha la cornette de son oreille. Et entendit la voix de Griselda. ” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Je ne l'ai pas vu depuis des années, mais il n'a pas du tout changé : la peau brune, les cheveux noirs, les yeux bleus. Locus a, comme il a toujours eu, cet air indéfinissable de celui dont on ne peut dire s'il est malheureux ou arrogant, s'il rit ou s'il est en colère. Il s'assoit à la place libre, à côté de Reinette et face à Padlock, mais après quelques secondes il exige de changer de place avec le para, disant : « Roquons ! Roquons, allez ! »
Une fois installé à sa nouvelle place, il se tourne vers moi et dit : « Ça fait drôle de te revoir, vieux ! Tant de souvenirs merveilleux et impérissables passent devant mes yeux, comme ces flashes qu'on aperçoit, paraît-il, juste avant de mourir ! »
Il éclate d'un rire bruyant et nous regarde tous les trois l'un après l'autre, comme s'il voulait s'assurer que nous partageons son hilarité. Ne sachant pas quoi répondre, je me concentre sur mon saumon, que je mange à grandes bouchées.
– Tu es venu avec la voiture ? demande Padlock.
– Oui, répond Locus.
– Bon, on y va, alors.
– Mais enfin, attendez qu'il ait fini de manger, intervient Reinette.
Je lève les yeux, et constate qu'ils me fixent tous les trois du regard. J'avale une dernière bouchée, je vide mon verre, et je m'exclame : « J'ai fini ! »
Tous les trois se lèvent simultanément dans un grand bruit de chaises, et Locus m'empoigne par le bras.
« En voiture ! », s'écrie-t-il joyeusement.
Nous sortons sans payer, mais cela ne semble émouvoir ou étonner personne.” (FG)




(Suite de l’histoire n°4) “Coralie se réveille dans une cave mal éclairée par une petite ampoule jaune.

En elle deux esprits, deux pensées, deux mondes : un esprit simple, aux aguets primitifs et un esprit confus, embrouillé, trop humain ; une pensée rassurante, familière, grégaire et une pensée trop personnelle, trop émotive, inquiétante ; un monde confortable et un monde irritant.

Elle se sent étrangère à elle-même. Sa personnalité, son corps, sont partagés, coupés par une muraille inamovible. Ses deux parties s’agitent à des rythmes différents et ne parviennent pas à se rejoindre. Toujours, l’une et l’autre font l’expérience à leurs deux façons distinctes de la barrière.

Son moi humain cherche à articuler un cri, son moi insecte se met à crisser.

Devant elle, posé sur une table, le DVD porno : « La reine et le cancrelat ».

La reine c’est moi, pense-t-elle. Le cancrelat, c’est moi, pense-t-elle de l’autre côté du mur.”(Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “En sortant de la piscine, Arrow fut vaguement rassuré par la présence, sur le parking, du bus de Hunter : la nuit précédente l'avait donc rendu intact au jour, bonne chose. Il avait eu des visions déplaisantes d'une lutte dans les canyons entre le chasseur fou et van Doorn qui ne l'était pas moins.

De retour au labo, il s'assigna d'ingrates tâches de compilation et parvint à ne penser qu'aux altérations du gène 7 — l'une des mutations de Deirdre. À laquelle il infligea ensuite (curieux plaisir, qu'il lui faudrait réitérer toutes les semaines) une échographie, suivie d'une batterie de tests sanguins.

— Ma belle, nul n'a d'yeux voluptueusement dorés que les tiens. Tu portes le lait dans le désert. Fais croître les agneaux, ma douce.

Il nettoya avec le plus grand soin le gel qu'il lui avait étalé sur l'abdomen, passa les ciseaux dans sa toison souple. La douce Deirdre était une brebis des Hébrides, à la laine presque noire, les pattes fines et le museau étroit.

Le ciel commençait à foncer quand on frappa à la porte du labo. Arrow avait reçu par la messagerie interne une proposition laconique de Hunter ("Ce soir, Dead Man's Bridge ?") ; il n'avait pas accordé un regard à son portable, n'avait pas davantage relevé sa messagerie personnelle, avait résisté à toutes les tentations en préparant pour le biologistes les poils de la brebis.” (Dragon Ash)