lundi 16 avril 2012

TEAM ONE - episode 60


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Salomon opina du chef. Manifestement, son interlocuteur n’attendait pas, pour l’instant, qu’il participe davantage à la conversation. Il invita le jeune homme à s’asseoir, fit apporter des rafraîchissements par le majordome, et poursuivit.
- Donc, vous êtes précepteur, vous enseignez. Quel beau métier ! Le savoir, l’art de la parole, tout cela est bien trop élevé pour un pauvre marchand de légumes tel que moi, mais voyez-vous je sais apprécier les belles choses, et veux récompenser ceux qui y consacrent leur vie.
Perplexe, Salomon continua à se taire. Qu’aurait-il pu dire, mis à part qu’il était d’accord, et que c’étaient de fort beaux sentiments que M. Larondière lui faisait l’honneur de partager avec lui ? Il aurait pourtant eu bien des questions à lui poser, sur la raison qui l’avait poussé à lui offrir un emploi, sur la nature de cet emploi, sur sa rémunération, sur Griselda et l’intérêt qu’elle semblait manifester pour lui. Mais ce fut le grand homme blond qui, après avoir siroté son whisky avec componction, finit par l’interroger :
-       Et votre cousin David, n’est-il pas en mesure de vous aider, par les temps qui courent ?” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Dépité, angoissé, je leur demande comment ils comptent procéder.
– Ne t'en fais pas, répond Locus. On s'en occupe.
Sans plus attendre, d'ailleurs, il ressort de sa poche les clés de la maison et celles de la voiture. Dehors, l'après-midi est radieux, mais on aperçoit, incongrûment, un croissant de lune toute blanche qui flotte dans le ciel bleu. Nous roulons quelques minutes, puis Locus arrête la voiture devant une station de RER.
– Ben alors, je fais quoi, moi ? je demande.
– Tu ne fais rien, répond Locus. Tu vis ta vie, normalement. Tu rentres chez toi, tu ne te préoccupes pas de savoir si tu es suivi, si quelqu'un est planté devant ton immeuble. Il est à prévoir que d'ici quelques jours, nos adversaires vont prendre contact avec toi.
– Ils ne voudront sans doute te faire aucun mal, précise Reinette. Cela ne leur sert à rien de te torturer, de te faire trembler de peur, et surtout de te blesser ou de te tuer. Ils voudront simplement te parler, te poser quelques questions, et espérer soutirer de tes réponses, à ton insu, les renseignements qu'ils désirent.
– Avec un peu de chance, complète Locus, ils t'offriront même peut-être un verre, ou un dîner au resto.
Je ne suis pas du tout rassuré, mais je descend de voiture et me dirige vers le guichet pour m'acheter un ticket.” (FG)


(Suite de l’histoire n°4) “« Projet Nocturne. » La première fois qu’il en avait entendu parler, il traînait avec un de ces types qui semblent tout connaître du Grand Jeu. C’était un américain d’une soixantaine d’années qui avait traversé tous les conflits, vécu d’innombrables vies en tous lieux du monde, à tous les étages de la société. Il avait de profonds yeux très las — tous les mots de ses interlocuteurs venaient se noyer dans leur boue.
Ils se trouvaient dans une base secrète du groupe Lockheed Martin, autour d’un prototype de gilet pare-balle révolutionnaire. Un des scientifiques, fier de son travail, l’avait comparé à un projet secret dont il avait prononcé le nom de code, « Projet Nocturne » ; le regard du vieil espion s’était soudainement animé. Il avait posé des questions, anxieux d’en connaître le plus possible. Bien vite, plus personne ne se souciait du prototype ; la conversation s’enflammait, et chacun d’avancer ses hypothèses toujours plus ahurissantes sur ce fabuleux projet d’invisibilité à l’œil humain.” (Louis Butin)



(Suite de l’histoire n°5) “— Ces années là-bas, explique Keiko, ça l'a drôlement changée. Elle a mûri, sans doute, vieilli, mais ce n'est pas seulement ça. Elle est plus vide. Ce n'est pas si facile de la faire rire et de surcroît, c'est souvent un peu creux.
Les cuisiniers ne disent rien. Ken'ichi inquiet voit la bête voyager sous la peau d'Etsuko : gorge, poitrine, ventre, bientôt sexe. Il rougit en adolescent qu'il n'est plus tout à fait. "Mais c'est qu'un monstre la mange de l'intérieur", pourrait-il suggérer.
— Où est-ce, là-bas, demande poliment Katsuhiro, l'homme du Nord.
— Ah, dit Keiko, les États-Unis. Elle y a travaillé six ans à la fac puis dans je ne sais quelle entreprise de jeux vidéos, à faire de la modélisation ou bien… À vrai dire, c'est compliqué.
La bête ne sort pas. Elle reste dans le ventre, à ronger le foie de la malheureuse. Il faudrait la coucher, se dit Ken'ichi, lui poser l'oreille sur l'estomac et parler à cette créature.
— Dis-moi, finit-il par murmurer, elle n'a pas l'air très bien, ta sœur.
— Elle dort, elle est crevée, s'étonne Keiko.
— Non, dit le garçon. Tu permets ?” (Dragon Ash)