lundi 16 avril 2012

TEAM TWO - episode 21


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Elle étend un bras et passe le dos de sa main contre sa joue, approche son visage du sien et glisse vers son oreille. La douceur calculée de ses gestes le fascine comme on charme un serpent. Le moindre de ses sourires disperse ses appréhensions et lui donne envie de plaire. Il lui en voudrait de ce pouvoir immérité, si elle n'était pardonnée de tout par avance. ” (Charles M)


(Suite de l’histoire n°2) “Chan Li Poum écoutait le moine d’une oreille distraite. Qu’en savait-il, lui, moinillon pouilleux, de ceux que pensent les maîtres? Comment ose-t-il douter de la justesse de leur verdict? N’ont-ils pas été placés là par le Ciel même (avec le concours d’un sous-préfet et de leurs fortunes familiales)? Que faire? Comment vivre jusqu’au prochain concours? Devait-il renoncer au gongfu? a quoi servirait-il de pratiquer cet art s’il n’est pas dans une école? on n’a jamais vu de maître sans école. Le feu du combat, le désir d’apprendre, étaient encore forts en lui. Mais à quoi bon? Il lui fallait un titre, une autorisation pour pratiquer. Il ne peut y avoir de maître errant, comme il ne peut avoir de philosophe errant. L’école est tout. Hors d’elle, il n’y a rien. Le vaste monde est vide, le vaste monde ne reconnaît pas les talents, le vaste monde ne donne ni diplôme, ni titre, ni licence, ni maîtrise, ni doctorat, ni magistrature, ni mandature, ni sous-préfecture. Il devait se présenter au prochain concours.” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Se réveiller, après un rêve dans un rêve dans un rêve dans un rêve. Matriochkas. Une impression étrange et dérangeante. Allumer la lumière. L'ampoule qui claque. Un bruit net et mat comme. C'est une chose ardue de céramique. Ne plus trop savoir. Nous sommes lundi. Comme tous les jours depuis maintenant des semaines, je ne me sens pas bien. Ou plutôt, je ne me sens pas très bien. Ou plutôt je pourrais mieux me sentir. J'ai mal à la tête. Je prends de l'aspirine pour que ça passe. J'ai les traits d'une vieille personne. Les membres en béton. Le plomb, on se trompe tant, est en fait, il est vrai, très léger. Mon mari me dit : "prends de l'aspirine, et ça te passera" ce à quoi je réponds : "j'ai pris rendez-vous avec le médecin demain". Alors mon mari me regarde et sourit. "Ne t'inquiète donc pas, P'tit Chat".Et il me prend dans ses bras et je m'y sens bien. Il me rassure. Le gonflement de sa braguette contre ma hanche me rassure aussi. Je m'y colle un peu, juste pour qu'il sache que je sais qu'il est un monde et que je m'y sens bien, qu'il est une planète, une lune, un outil cosmique, un compas, une boussole, un sextant et que je l'aime tant. Que je l'aime pour ses bras et sa braguette gonflée contre ma hanche. Que je l'aime pour ses attentions. Pour son odeur. Ses défauts. Que je l'aime pour les poils de son dos. Parce que c'est bien et c'est simple. Je l'appelle ma Pléthore. Parce qu'il est tout et un peu plus et il s'en va travailler avec son cartable de postier "t'as un cartable de postier" "arrête donc de te moquer tu veux ! ". Il m'embrasse chastement sur la bouche. Nous appelons ça nos baisers "pop". Et il ferme la porte. Et je tourne le verrou. Puis je rejoins et les toilettes. Puis je me penche et la lunette. Puis je m'enfonce deux doigts au fond de la gorge pour vomir parce que je me sens nauséeuse et que ça va toujours mieux plus ainsi avec deux doigts et soulage. Puis je déambule quelques instants un peu dodelinante, un peu distraite, dans le couloir qui relie le salon à la chambre à coucher "à Paris, les loyers sont trop élevés, nous devons nous contenter d'une petite surface" "avez-vous pensé à faire installer une porte blindée à quatre serrures ? Vous êtes à Paris, et vous savez, Paris..." "à poussants ? " "quoi ? " "les portes..." "à poussants, oui, à poussants, quoi d'autre ? Multi points... bien sûr... vous y avez pensé ?" "oui Maman" "je dis ça pas ça méchamment tu sais" "je sais Maman. Bonne journée maman". J'ai pris quelques jours de repos. Je n'étais plus efficace. Je n'étais plus là. Et c'est ainsi que je vais me recoucher un peu. Parce que je suis assez pas très bien. Et que j'ai le choix dans cette grande journée où je n'ai rien à faire. Et j'ai soif. Et sous les draps, je palpe un peu la grosseur sous mon sein en espérant, en espérant, en espérant, en espérant, en espérant, en espérant....

Le cancer est par définition le résultat d’une prolifération cellulaire anarchique. Cette prolifération est généralement initiée par une modification au niveau de l’ADN, le plus souvent par mutation d’une ou de plusieurs bases constitutives de la double hélice. Sous l’effet d’un agent initiateur (des agents cancérigènes tels que les produits chimiques, les virus ou certains rayonnements UV par exemple), cette base est soit remplacée par une autre, soit directement supprimée. Dans la plupart des cas, de telles mutations affectent des secteurs de l’ADN qui, bien que très spécifiques à chaque individu, ne codent pour aucun gène. Ainsi, ces anomalies n’ont aucune répercussion biologique. De plus, l’organisme possédant des outils qui permettent de réparer ces mutations (des gènes spécifiques contrôlent en effet la parfaite intégrité de l’ADN transmis), ces dernières sont en quelque sorte effacées, ce qui assure une restitution ad integrum de l’ADN.
Il peut également arriver que ce soit les gènes des molécules chargées de la réparation de l’ADN qui se retrouvent affectés, influant directement sur la réparation cellulaire en la rendant de ce fait incomplète voire impossible. Ainsi, on retrouve une atteinte de ces gènes régulateurs dans la plupart des cancers humains par mutation des gènes suppresseurs de tumeur (comme par exemple la protéine p53 ou la protéine du rétinoblastome pRB).
Néanmoins, il arrive que certaines anomalies ne soient pas détectées mais la formation et la survie de cellules cancéreuses demeurent plutôt rare en comparaison du nombre infini de divisions cellulaires.
La présence d’une ou d’un petit groupe de cellules cancéreuses ne suffit cependant pas à elle seule à générer une tumeur. Si la cellule affectée n’a pas eu le temps d’être réparée avant la division cellulaire, l’anomalie n’est pas obligatoirement transmise aux cellules filles. La cellule possède effectivement un dernier mécanisme permettant la non prolifération de l’anomalie, à savoir le suicide par mort cellulaire ou apoptose.” (Alban Orsini)


(Suite de l’histoire n°4) “Elle avait installé son QG dans une salle autrefois utilisée pour les réunions de crise et qui n’avait pas servi depuis bien longtemps. Du haut de l’estrade où elle présidait l’assemblée, Elle regardait l’armée de gratte papiers s’activer, le teint blême sous l’effet combiné des néons et du stress. La première crise de sa courte mais impeccable carrière.
Christobal avait fini par faire taire ses récriminations. Elle l’avait amené avec Elle et il travaillait désormais avec un groupe d’analystes. Ses excuses stupides avaient fini par Lui taper sur le système provoquant une réaction épidermique à ce petit bonhomme, à tel point qu’elle le considérait désormais comme l’origine de la disparition de l’avion. S’il n’avait pas détourné la tête, qui sait si le signal n’aurait pas tout simplement continué sa route jusqu’à Santiago.
Elle le regarda, avec son gilet déboutonné et sa chemise tachée... Elle le détestait. Cette mèche grasse, cette face de lune et ce regard fuyant... Deux cent vies peut-être perdues, tout ça à cause de ce minable qui ne pouvait pas boire sans s’en foutre partout, qui passait son temps à se persuader de sa bonne foi. Elle l’aurait volontiers giflé, cet abruti qui n’avait pas pu rester concentré quelques heures, qui n’avait pas su, de la seule force de sa volonté, maintenir l’appareil sur son cap, contre vents et marées. L’infâme salopard avait sacrifié leur réputation à tous en l’échange d’une gorgée de jus de chaussette. Oh oui, elle brûlait de décharger sa colère sur lui, mais son temps était compté et quand les officiels des différents ministères firent leur entrée avec, au milieu, un gradé de l’armée de l’air, elle sut qu’il ne lui restait plus beaucoup de temps avant qu’on ne la dessaisisse du contrôle des opérations.” (Julien D. assure l’intérim de 008)


(Suite de l’histoire n°5) “L’homme frisé l’attendait, assis sur une petite chaise de jardin. Il jouait distraitement avec le porte-clefs la chambre, perdu dans des pensées lointaines. Maya s’approcha et lui toucha l’épaule de la main. Il leva les yeux et son regard s’éclaircit. « Par quoi allons-nous commencer ? » demanda-t-elle. « L’incendie » dit-il. « Racontez-moi ».” (Juliette Sabbah)