lundi 16 avril 2012

TEAM TWO - episode 33


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Il lui dit qu'il fait semblant, mais qu'il fait bien semblant, et qu'il jettera les dés après, et qu'il est certain qu'il fera un six, puisque c'est l'ordre logique des choses, et qu'il va essayer de penser à une interprétation fascinante, si seulement elle voulait bien lui donner cinq minutes à rester blottie là, contre lui, où il n'y a rien à gaagner mais rien à perdre non plus” (Charles M)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Cette décision doit beaucoup au hasard. Je suis une femme qui croit beaucoup au hasard. Je suis une femme qui croit au hasard dans un monde d'hommes bercés de certitudes, un monde d'hommes qui avancent comme des moutons pour des moutons. Les têtes dans les laines, les laines dans les têtes en files très serrées, très ajustées : je suis une femme qui n'a rien d'une brebis.

Pourriez-vous vous présenter ?

(présentation de la prévenue  : inaudible)

Cette décision ne m'est pourtant pas venue comme ça : elle est le fruit d'années de réflexion concernant ma place, celle de mon corps, de ma spécificité de femme, de mon travail d'homme et cela au sein-même de la société. Quelque chose de mature. L'existence est une anguille : elle glisse des mains à mesure que filent les jours, inexorablement. Combien de fois dans une vie prenons-nous des décisions qui freinent cette fuite de manière notable ? Combien de fois ? Combien de fois pouvons nous certifier que nos décisions ont fait basculer le cours du temps ? Celui des choses ? Excaver des organes, ceux du renouveau ? Je suis une femme qui a pris une décision qui change la vie en en freinant la fuite inéluctable. Je suis cette femme-là, qui recourbe le monde. Cette décision misandre. Vous allez me poser des questions concernant mon métier d'homme, la façon dont je me suis imposée en tant que femme. Vous allez me poser des questions. Vous allez m'interroger sur mon mobile, je le sais. Que voulez-vous savoir d'autre ? Je fais basculer ce manche à balai, je fais hurler les passagers et puis je me plante : il n'y aura aucun survivants hormis cette femme _ moi_ perdue au milieu de ces hommes et de ces hommes ensuite qui viendront chercher dans les décombres, à grand coup de lampe électrique, les survivants aussi bien que l'identité des morts. De ces hommes qui dresseront la pyramide des âges des victimes pour les statistiques et l'amélioration de la sécurité dans les avions. De ces hommes qui ramasserons les petits bouts. Alors posez-les vos questions. Posez-les moi donc.” (Alban Orsini)


(Suite de l’histoire n°4) “« Oh Tanoué tanoué, où m’as-tu envoyé ? »
La ritournelle n’avait rien de rituel. On aurait plutôt dit une mauvaise comptine. Toute cette affaire ressemblait à une comptine mais il allait pouvoir s’en expliquer directement avec le poisson sacré, maintenant qu’il était mort.
Du moins c’était ce qu’il avait pensé avant de se réveiller accroché à un cadavre qui, avant de mourir, avait bien suivi les instructions de l’hôtesse et passé son gilet de sauvetage.
Il avait nagé de son ilot de fortune jusqu’à un morceau de terre ferme alors que les étoiles s’effaçaient. Le soleil lui dévoila bientôt la situation, la mer était peuplée de gens aux bouées oranges qui se démenaient mollement et que les courants se chargeaient d’éparpiller. Il passa la matinée à repêcher ce qu’il pouvait, nageant de corps en corps, vérifiant le pouls, évitant les efforts inutiles. Heureusement pour lui, une belle vague en ramena une dizaine à la terre.
Au bout d’un moment, il n’en put plus. Il compta les rescapés : une vingtaine de personnes avaient échappé à l’engloutissement, au choc de la vague, à la noyade et aux requins.
Il se retourna à la recherche de son île, mais elle avait disparu. Il n’y avait là qu’un lopin herbeux, un vague massif granitique qui peinait à se sortir le cul de l’eau. Et puis il y avait le mouton, qui le regarda un long moment d’un air stupide – d’un air de mouton quoi – avant de lécher le sel sur la figure d’un rescapé. Il se sentit faible de tous ses efforts. Le mouton n’y pouvait rien, même s’il l’avait voulu, il n’aurait pas pu lui expliquer où les passagers avaient bien pu s’égarer.” (Julien D.)


(Suite de l’histoire n°5) “« Excusez-moi mais vous êtes allée un peu vite, là », rétorqua l’homme frisé. « D’où l’avion vers l’Inde ? Entre votre père passionné de pyramides et la famille en Inde de votre mère, vous auriez aussi bien pu décider de partir en Egypte, non ? » « Disons que je me suis convaincue que ma famille en Inde pourrait m’aider à comprendre ce que ce Boulier fabriquait dans ma vie », soupira Maya. « Mais je vous avoue que c’est un peu la loterie. En réalité, je ne sais pas bien ce que je viens faire ici, si ce n’est retrouver une trace du Boulier – j’ai la conviction que ce sont eux qui ont incendié ma maison ». Le regard de l’homme frisé s’éclaira de manière énigmatique ; il fixa la piscine qui était décorée de statues de poissons en pierre.” (Juliette Sabbah)