(Suite
de l'histoire N°1) "Il n'est pas joueur et veut refuser. Il souhaite
qu'elle s'endorme, rester seul avec sa présence chaude, régulière,
silencieuse; diapason de ses heures insomniaques, laissant passer
l'orage et surgir les idées. Il lui semble que quelque chose rampe dans
un coin. Combien de temps déjà depuis sa question? "D'accord,
s'entend-il répondre, jouons." " (Charles M.).
(Suite
de l'histoire n°2) "Chan Li Poum, que ce nouveau contretemps excédait,
se mit en garde, dans la position de défense du scarabée doré. Le
silence tomba su eux. Le vent cessa d'animer les fleurs. Les animaux
retinrent leur souffle. Tel un torrent furieux, trop longtemps corseté
par une ancestrale digue, Notre héros s’élança et fit pleuvoir mille
coups sur le moine qui, sans lâcher sa mangue ou son arc, les esquiva
tous. Et, alors que cette pluie se faisait plus rare, le troisième œil
du moine s'ouvrit, il lâcha arc et mangue, frappa les épaules de Li
Poum, et rattrapa son arc et sa mangue. Les bras du jeune paysan
tombèrent, flasques, le long de son corps." (David M.).
(Suite
de l'histoire n°3) "Un mois. Oui, je compte les jours. Un mois. C'est
une chose que je fais. Je recherche les coupables aussi, encore et
encore. QUI ? Ça devient lancinant et ça tourne en boucle dans ma tête,
ces questions. Parfois je n'entends rien et dans ces heures, il fait si
beau, je suis sereine et jolie. Les beaux jours se font sentir, c'est
indéniable : quelques fleurs commencent à poindre de-ci de-là. Elles
sont laides. Elles m'encombrent. Je les hais comme je hais ma fille. Les
insectes se font plus insistants aussi et ils grouillent : ils font un
chuintement d'eau comme le ferait une fontaine ou tout autre chose qui a
un rapport quelconque avec l'eau. Un robinet. Ou bien le bourdonnement
électrique d'une ampoule tant les insectes, ça sonne pareil. Un meurtre :
j'ai tué la tortue qui me tenait compagnie car elle ne m'était d'aucune
utilité et puis si peu joueuse, qu'elle était son intérêt ? Je l'ai
enterrée sous le beau pommier. Quant aux pommes justement... je
développe depuis peu une aversion pour ces fruits que je mange depuis
que je suis ici. Je suis carnassière. J'ai besoin de viande. Il ne peut
en être autrement : ce régime frugivore était une hérésie et je n'ai
fait que me mentir à moi-même en croyant pouvoir m'en satisfaire. Il est
faux que j'ai enterré la tortue. Je l'ai mangée, bien sûr. Je passe des
heures affreuses dans cette forêt sombre sombre... Ces heures sont
laides. On me les soumet et je n'ai pas d'autre choix que de les
accepter..." (Alban Orsini).
(Suite
de l'histoire n°4) "Il arrive trop souvent que l'on continue à avancer
sur un chemin qui n'existe plus. Greta avait le cafard. Tous les ans,
pour son anniversaire, Nils lui offrait des fleurs. Et cette année,
rien. Jamais pourtant ses voyages d'affaires n'avaient pu le lui faire
oublier. "Je me sens comme un mouton posé sur son cul" pensait-elle. Il
me faudrait une fontaine de jouvence, pour lutter contre le boulier
infernal du temps qui passe. "Encore un coup du péché orginel, sans
doute, tout ça parce que le Vieux était incapable de mener la garde
correctement ! Au moins le Jupiter savait tenir ses troupes, à coup
d'éclairs, ce n'est pas lui qu'Eve aurait défié ! Yahvé à côté est à
peine une ampoule électrique. " " (008).
(Suite
de l'histoire n°5) "Elle le fixa à son tour. Il était frisé comme un
mouton, le regard vif et clair (ses yeux étincelaient) et il hochait la
tête avec régularité, comme s’il débitait un chapeler mental… Un bel
homme, de fait, du genre de celui qu’on emmènerait volontiers avec soi
sur une île déserte le jour de la fin du monde. Il portait autour du cou
une chaîne au bout de laquelle pendait un étrange talisman. Elle alluma
la veilleuse afin de le contempler plus à son aise ; il ne cessait de
sourire calmement. En effet, le connaissait-elle ?" (Juliette Sabbah).