lundi 16 avril 2012

TEAM TWO - episode 19


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Il reprend ses esprits et se tourne vers elle, encore un peu confus. Elle se retient à peine puis éclate de rire, la joie brute qui éclaire ses yeux lui faisant oublier de se vexer. Il partage son amusement et décide un abandon temporaire de sa chasse aux insectes. Peut-être est-il encore temps de sauver ces quelques heures à venir, de délaisser les insectes et les dés pour passer un bras derrière sa taille, dont la découpe dans le contrejour de la lampe de chevet l'affole un peu.” (Charles M)


(Suite de l’histoire n°2) “Le gongfu de la guêpe, son apparente imprécision, son illusoire désordre, n’avaient pas convaincu. Comment cela était-il possible? N’était-ce pas un art ancien, connu des plus grands maîtres du passé? Le visage de Chan Li Poum était rouge, les larmes lui piquaient les yeux. Le greffier, d’abord hésitant, rejoignit les maîtres dans ce qui ressemblait désormais à un rire convulsif, sans retenue. Les badauds se mirent aussi à rire. Bientôt, le saule, les murailles, le verre de terre, le vent - tout pouffait, s’esbaudissait, ricanait et se moquait, montrant du doigt notre héros. Un cri monta de sa gorge: “Pourquoi riez-vous?”. Les trois maîtres s’arrêtèrent. Le silence tomba sur la foule. Le greffier regarda Chan Li Poum avec terreur, et secoua vivement la tête pour le mettre en garde. Ma Jion, le maître qui siégeait à la gauche de Fi Chan, rejeta son sourcil droit d’un geste sec de la main gauche et dit: “Nous rions d’autre chose. Ne vous en faîtes pas.”. Ru No, le maître qui siégeait à la droite de Fi Chan se pencha vers le greffier, qui acquiesça, prit son pinceau, traça un signe sur un papier, se redressa et proclama: “Candidat recalé. Suivant.”. Chan Li Poum n’entendait plus rien: “Mais, mais, qu’aurais-je du faire?” ” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Arrêtez d'applaudir !
Arrêtez d'applaudir !
Je vous demande ardemment d’arrêter d’applaudir, et cela sur le champ ! Maintenant. Tout de suite. Arrêtez ! MOI. Je vous demande. MOIMOIMOIMOIMOI. MOIMOIMOI moimoimoi MOIMOIMOI ! Vous n'êtes pas au spectacle. Arrêteeeeeeeeeeeez d'applaudir ! Il n'y a pas de divertissement, ce n’est pas du divertissement, il n’y a jamais eu de divertissement. Vous n’êtes pas au spectacle. Où vous croyez-vous ? Chez Mémé ? Vous avez vu la Vierge ou quoi ? C’est la fête du slip c’est ça ? Ne pressentez-vous pas la terrible menace qui pèse sur vous comme les trois kilos pris après Noël et la bûche et le nain qui pousse la brouette ou scie du bois avec son sourire à la con et son chapeau à pompon ? Hein ? Les Chiliens vont voler notre pays, nous torturer, et une fois que nous serons bien fatigués, ils vont nous donner aux Américains qui eux-mêmes nous livreront aux Chinois pour qu'on nous transforme en cartes à puce ou en nourriture comme dans Soleil Vert.
Oui, c’est de torture dont je vous parle ! Oui, moi, je vous le dis, MOIMOIMOI moimoimoi MOIMOIMOI ! Dans l’cul la balayette ! On s’est fait avoir ! Je déteste les hommes qui font du jogging dans des bas de survêtement à gros élastique et qui ne mettent pas de sous-vêtements que ça fait chloquetchi-chloquetchi et ça à chaque foulée ! On va tous y passer si on ne fait pas quelque chose tout de suite avec les doigts et les poings et des pancartes qui disent « non » et des pavés et des cocktails Molotov et du papier crépon et des rubans qui tournoient ! Je n’aime pas les Chiliens. Parce que la torture, ça fait mal ! La torture, c'est pas une partie de plaisir, il faut le savoir ! On ne se fait pas torturer comme on joue au jokari! La tortue, ça peut détruire une vie autant que les dents et les muqueuses ! Oui oui oui ! La torture, c’est peu engageant et c’est douloureux ! Faudra pas v’nir pleurer et dire « ouille » après, non mais !
Puis : Mes adversaires me reprochent mon inconstance ? Je leur reproche quant à moi leur incompétence ! Je leur reproche leur inaction ! Exactement ! Je les toise et je leur dis : "je vous reproche votre inaction" ! Je leur reproche de ne pas y voir clair ! Je leur reproche un manque d’objectivité ainsi qu’un manque de lucidité ! Ils ne sont plus en phase avec la société qu’ils veulent représenter, poil au nez ! Leurs méthodes sont prévisibles et leurs actions tellement téléphonées (rime riche) ! Mais arrêtons deux minutes! Soyons sérieux ! Parce que je sais lire, moi, entre les lignes et les galimatias ! Je sais lire dans leurs yeux et je les défie : ils ne me terrorisent plus. Posons les bonnes questions. Recentrons le débat, voyons. Cela suffit ! Faisons le point, et faisons-le bien (rime pauvre) pour une fois. Soyons pertinents. Ils flagornent tant et tant. Nous nous sommes par trop égarés. Prenons le temps d'étudier toutes les possibilités. Je pense avoir été en pleine digression, j’ai besoin d’avoir ma propre maison. Je vacille. Je me sens mal. Ma fille. Où est-elle ? Quelqu’un a mis du poison dans mon verre, appelez mon conseiller, aaaahhhhhhhhhh, appelez David Lhomme, dites-lui que je l’adoube. Dites-lui : « David Lhomme, dans sa très grande mansuétude, elle t’adoube ». Adoubez-le ! Adoubez David Lhomme ! Adoubez-le ! Adoubez-le ! Adoubez David Lhomme ! Adoubez-le ! Adoubidoubidoubidou waaah ! Adoubez-le ! Adoubez-le ! Adoubez-le !
Adieu. J’ai bien travaillé.
Off.” (Alban Orsini)


(Suite de l’histoire n°4) “Ça jactait dans tous les sens. La frénésie avait pris le sommet de la tour de contrôle. La panique de Christobal avait contaminé tout le monde. Il y eut un moment trouble où tout le monde se haranguait pour un oui pour un non, pour le café renversé, pour l’inattention et les résultats du match de foot de la veille. Le superviseur était particulièrement remonté. Il en voulait à Christobal de ne pas avoir été consulté avant, ce qui aurait certainement prouvé une vague capacité de réflexion chez le contrôleur, mais nous avons pu constater que ce n’était pas vraiment le fort de notre ami. La situation avait atteint son point critique lorsque tout le monde avait appris qu’Elle se déplaçait jusqu’à eux. Tous devinrent alors méthodiques. On s’activa à rendre les pupitres présentables, on passa un coup de chiffon sur les écrans, on déconnecta les comptes facebook et le poker en ligne, on vida les cendriers et on ouvrit les fenêtres pour aérer, bref, on remit tout en place comme on pensait qu’Elle voulait que ce soit. Il y eut un léger flottement dans le trafic aérien, on laissa les pilotes seuls juges de leur comportement ; heureusement, aucun accident ne fut à déplorer. On pouvait déjà sentir sa présence dans les murs depuis dix minutes lorsqu’Elle débarqua. Tout le monde avait regagné son poste, les écrans défilaient, les contrôleurs se concentraient sur leurs données ; l’essaim accueillait sa reine dans le calme.

Le responsable s’approcha à pas rapides, suivi de Christobal. Tous deux avaient pris l’air contrit de rigueur et fixaient le bout de leurs chaussures.

La réprimande attendue ne vint pas. Elle ne viendrait que bien plus tard, quand on aurait éclairci le sort de l’appareil. Pour l’heure, la situation nécessitait des éclaircissements. Où était l’avion ? Lui était-il vraiment arrivé quelque chose ? Il était à peine 16h 30 et il pouvait bien finir par se montrer - Peut-être même serait-il à l’heure. Bref, personne ne savait rien, sauf ceux qui en savaient un peu, et ceux-ci ne manifestaient pas l’envie de proférer autre chose que des excuses.

« ALORS ? »” (Julien D. assure l’intérim de 008)


(Suite de l’histoire n°5) “Maya garda le combiné en main quelques instants. Elle hésitait. Elle ne voulait plus parler de l’incendie. Mais en même temps, il lui fallait éclaircir toutes ces questions, en savoir plus sur le Boulier et comprendre pourquoi il la persécutait – comment il voyait tout ce qu’elle faisait, comme Big Brother épiant ses sujets à travers un écran de verre… Les dés étaient jetés ; il fallait s’expliquer. « Retrouvons nous plutôt devant la piscine », conclut-elle.” (Juliette Sabbah)