dimanche 15 avril 2012

TEAM TWO - episode 14

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]



 
(Suite de l’histoire n°1) “Ravi de sa trouvaille, il espionne sa réaction mais se heurte à un impassible sourire. Craignant de laisser passer son effet, il renouvelle son geste grandiloquent en direction de l'endroit où il avait perçu un mouvement. Elle détourne les yeux dans cette direction et n'y voit que quelques moutons de poussière égarés contre les lattes. Ses grands yeux s'assombrissent. ” (Charles M)


 
(Suite de l’histoire n°2) “Pieds Nuageux sourit et, avec un air entendu, attira Chan Li Pom par l’épaule: “Vois-tu le saule géant qui est devant la porte du monastère? Les trois maîtres qui ont assis à son ombre doivent juger les candidats - qui rentrera, qui devra renoncer à son rêve d’intégrer la première chambre de ShangriLa. Pourtant, à eux trois, ils n’ont pas plus de science qu’un veau trépané.” Chan Li Poum s’iritait des sarcasmes et de l’aigreur de Pieds Nuageux, qu’il soupçonnait d’être rongé par le ressentiment. Il eut alors l’idée d’essayer de lui fausser compagnie.” (David M.)




 
(Suite de l’histoire n°3) “Et des forêts, il y en aura dans le nouveau jardin botanique dont j'ai la charge de penser l'aménagement avec brio et des pupitres et des fiches qui reprennent mon discours parfait et si bien adéquat. Je souhaite un arboretum pertinent et très fourni. Je souhaite un verger conservatoire. Je souhaite un alpinum. Je souhaite un arbre pour chaque citoyen : plus personne ne périra d'insolation puisqu'il y aura l'ombre de son arbre. Je vous le promets. Et ce que je souhaite généralement, je l'obtiens. Je peux certes être de nature changeante, un peu soupe au lait, très à la brèche (tantôt jouasse, tantôt triste) en un mot inconstante, mais je parviens toujours à aller là où je désire me rendre... il n'y a pas de détour possible. Je suis efficace, sûre de moi, fière et solitaire. Je ne m'encombre jamais de considérations superflues ou si je le fais, elles s'avèrent nécessaires comme les ingrédients exotiques d'une recette qui permettent d'obtenir un plat très goûteux. Je suis droite, je vais d'un point A vers un point B et je m'y tiens et je file, la laine. Rien ne sert dans la vie d'être un mouton si c'est pour marcher plus longtemps que les autres ou bien plus longtemps qu'il n'est nécessaire _ leçon n°4. C'est une question de survie.

Je ne prétends pas avoir la clé qui ouvre toutes les serrures de l'existence, mais je pense que cette philosophie de vie permet d'aller plus loin et d'éviter le sur-place.

_ Avez-vous des regrets ?
_ J'ai soif.
_ Avez-vous des regrets ?
_ J'ai des pignons de pin que je classe par couleur et par taille...

Pour bâtir un jardin botanique, il faut bien évidemment mettre la main à la pâte et c'est donc très naturellement que je m'armerai d'un pelle, d'une pioche et d'un petit sécateur pour construire avec et pour vous, cet espace unique qui sera le vôtre. Je serai sur le terrain. Je viendrai à votre rencontre:  je veux être à l'écoute de vos préoccupations. Avoir des idées ne suffit pas : il faut tout faire pour les réaliser, quitte à avoir des ampoules sur les mains. Je n'ai pas peur. Je suis prête si vous voulez de moi.

Je vous aime. Je vous serre contre moi. Vous me manquez...” (Alban Orsini)


 
(Suite de l’histoire n°4) “« Suis la flèche, oui, suis les signes » se répéta le Veilleur alors qu’il voyait enfin où voulaient en venir le Tanoué et ses envoyés. Un motif, une bande, une flèche sur le flanc de l’appareil. Le monde pouvait reprendre son sens. Le haut était toujours l’en-haut et le bas l’en-bas… Et au bout du chemin, il y avait cette autre porte sans serrure. Par l’ouverture, devant la lumière intérieure, se déroulait une scène d’un théâtre d’ombres. Un homme s’était levé qui en avait emmené quelques autres vers la sortie. Au loin, des flammes et devant eux, deux cerbères en uniforme qui tentaient de leur barrer le passage. L’homme n’avait rien d’Orphée et sur son visage se peignait cette expression enjouée de celui qui sait ce qu’il doit faire sans jamais regarder en arrière. L’air vint à manquer au Veilleur. Dans un dernier effort, il agrippa la poignée à deux mains, posa les pieds sur la carlingue et tira de toutes ses forces.

Il ferma les yeux Il était un arbre Il tirait sa puissance de ses racines ancrées dans la terre qui irradiait jusqu’à ses branches Grandir Grandir Déjà le monde entier cédait face à son inexorable redressement Il croissait il croissait de tous ses membres Ça y était la poignée tournait le battant se soulevait Puis tout céda Il se sentit partir en l’air partir en l’eau plutôt propulsé par un ultime coup de pied une violente remontée qui se finit époumonée alors qu’il tendait la tête vers les étoiles .” (Julien D. assure l’intérim de 008)



(Suite de l’histoire n°5) “L’homme raccrocha l’appareil et esquissa un faible sourire. « Vous avez dû deviner de quoi il s’agit », murmura-t-il tandis que son sourire s’effaçait déjà. « Pas la peine de réfléchir pendant des heures », marmonna à son tour Maya pendant que l’homme fourrageait nerveusement de la main dans ses boucles. Ils se décidèrent pour un taxi jaune et vert, curieusement cabossé, et indiquèrent au chauffeur le nom de l’hôtel. Ce dernier inclina brièvement la tête et enclencha le contact.” (Juliette Sabbah)