lundi 16 avril 2012

TEAM TWO - episode 31


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “"Tu trouves pas ça un peu vulgaire, de dire "baiser", comme ça, naturellement, comme si c'était le mot juste? Je connais des gens qui le disent pour choquer, pour voir l'effet, pour se prouver à eux-mêmes qu'il peuvent l'utiliser l'air de rien et tout ceci me va très bien mais toi tu le dis de façon réellement naturelle, sans y penser, et je dois te dire que je trouve ça un peu vulgaire et que, évidemment, ça m'excite tout-à-fait."” (Charles M)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Faire un métier d'homme n'est pas une chose facile pour une femme, non à cause qu'il s'agisse d'un métier difficile pour une femme, mais parce que votre présence en tant que femme interroge de trop les hommes et les femmes qui trouvent que vous faites un métier d'homme alors que vous êtes une femme.
Je suis une femme donc. Je suis une femme qui fait un métier d'homme alors que je suis une femme. Je suis femme, une de celles qui font des rêves d'enfant sur des femmes qui sont maman. Je suis une femme avec une vie de femme, un métier d'homme, des rêves d'enfants, mais je ne suis pas encore maman. Je suis une femme qui se pose des questions sur son métier d'homme pour les femmes et les hommes qui jugent de ma présence en tant que femme sur une terre infertile faite par les hommes pour les hommes. Je suis une femme qui plante des choses de femme sur le terrain des hommes et qui joue par sa présence à être une femme dans un monde d'hommes là où les hommes pensent que je suis une femme qui joue à être un homme dans la terre infertile des hommes. Je suis une femme qui fait pencher d'un coup de main la balance de la terre des hommes vers celui des femmes.
Je suis pilote d'avion.
Je compte beaucoup pour cet univers d'hommes.” (Alban Orsini)


(Suite de l’histoire n°4) “Plus tard Greta est dans un bar. Elle flotte à la surface d’un cocktail rouge sang. Quelques grains de sucre se sont perdus dans son décolleté. Elle ne veut pas rentrer, elle ne sait pas quoi faire. Boire peut-être pour effrayer les sales bêtes-à-questions qu’elle surprend encore à ramper au plafond. La lumière décroît. Au dehors, entre chien et loup, l’indigo a envahi les murs. Elle compte un, deux, trois verres. Elle hésite, encore, elle n’en peut plus et nous non plus, elle a besoin d’aide manifestement, qu’on la prenne par la main. Elle est belle encore dans sa robe noire qui lui colle à la peau ; la silhouette un peu trop maigre, le décolleté qui mollit, mais belle encore et l’on ne s’y trompe pas autour d’elle, on la regarde. Le type du bar le premier, le jeune au fond avec sa copine et même celui qui rentre juste là, et viens s’installer à côté d’elle. Le genre fasciné, qui s’abîmerait bien dans le fond de son verre à la recherche d’un trésor, mais qui trouve plus de charme à fouiller des yeux sous l’étole transparente de sa voisine, chercher dans la courbe, le creux, la ligne discrète des sensations klimtiennes. C’est comme ça qu’il aime, d’un téton, il s’en fait une estampe, à coups d’oeil discrets, progressifs, avançant à tâtons sur le chemin de son plaisir solitaire, remontant la gorge, contournant l’oreille qu’elle a petite. Le charme discret d’une mèche sur la tempe. C’est peut-être ça qui l’interpelle, une âme d’esthète dans un corps d’ivrogne ? Non, après tout, il n’est pas si mal, se dit Greta alors que son quatrième verre se termine. La tête lui tourne un peu, elle compte un, deux, trois et se tourne vers lui. Les sales bêtes rentrent dans leur trou, elle a élaboré son rôle, action !
Elle lui sourit.” (Julien D.)


(Suite de l’histoire n°5) “Ma tante a commencé à tambouriner comme si sa vie en dépendait, comme si elle essayait de couvrir les bruits d’avion. La pancarte « Boulier » est tombée par terre. La porte s’est finalement ouverte et nous sommes entrées en trombe. Des piles de coussins plus ou moins en équilibre étaient posées ça et là dans l’appartement, et près de la fenêtre, ma mère dormait à poings fermés. Je lui ai saisi la main, mais ma tante a secoué la tête : « Ça ne sert à rien. Tu vois bien que rien ne pourra facilement la réveiller ». J’ai lâché la main et je me souviens bien qu’elle est restée étrangement en équilibre en l’air, pendant quelques secondes avant de retomber sur les coussins. Je n’y comprenais rien, mais rien du tout.” (Juliette Sabbah)