lundi 16 avril 2012

TEAM TWO - episode 42


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Il jette d'une main un oreiller en direction de son téléphone à lui dans l'espoir d'en dissimuler la lumière, n'obtient qu'un choc sourd et dérisoire, libérant des millions de petites poussières qui se détachent dès lors par intermittence dans le faisceau clignotant de son téléphone à elle. L'autre main dans ses cheveux comme dans un sable blond, il égrènerait les secondes si elles ne s'étiraient pas à l'infini.” (Charles M)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Quelques jours après mon inspection sous le pont, j'ai découvert un téléphone portable abandonné contre un arbre, sur un lichen, comme tombé d'une poche, contre l'écorce et la mousse, près de l'orée dans un rayon de lumière parvenant depuis la frondaison sinon je ne l'aurai pas remarqué du tout et tout noir comme un oeil ou l'intérieur d'un oeil mais ce téléphone. Je l'ai pris avec la plus grande des précautions tant il était chaud comme un animal tout juste mort, et j'en ai consulté le répondeur téléphonique. Après quelques minutes de silence, un silence faux et maniéré, le début de quelque chose s'est produit, a commencé, s'est initié dans la friture. Comme un souffle. Un seul message y était enregistré : perdu au milieu d'un grésillement anarchique, une voix d'homme, lointaine, ne cessait de répéter : "Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ? Qu'a-t-elle fait de la fille ?".
J'ai bien sûr paniqué.
Une longue rigole de sueur froid s'est frayée un passage depuis ma nuque jusqu'à mon pantalon, et j'ai vomi. Je crois même avoir perdu connaissance quelques minutes, le temps nécessaire à un ours pour repérer mon passage et cela rien qu'à l'odeur.
J'ai jeté le téléphone aussi loin que j'ai pu et j'ai regagné le dessous du pont. Je me suis lavé les mains dans l'eau fraîche et pure et je me suis mise en quête d'un bâton assez résistant pour m'en servir comme pied de biche. Il me fallait ouvrir cette porte du poste d'observation. J'ai tenté de fracturer la porte, crochetant la serrure comme je le pouvais. Je me suis blessée les mains, les échardes poignardant l'intérieur de mes paumes.” (Alban Orsini)


(Suite de l’histoire n°4) “C’est le téléphone qui réveille Christobal, une sonnerie en sourdine et qui s’impose violemment, démolissant la barrière d’un bienheureux sommeil. Un téléphone, mais pas le sien. Il a mal partout. La moquette lui a râpé le dos à travers la chemise, il a dormi par terre. Il se souvient. La réunion de crise, sa découverte et les vivats qu’elle avait provoqué, puis la déconfiture sur son visage à Elle lorsque l’amiral avait repris en main les opérations. Elle était partie comme une furie, sonnant le rappel de ses troupes. Il y avait eu une dernière joute du regard, l’amiral avait gueulé, tout le monde était resté à sa place. Puis Ses yeux s’étaient posés sur Christobal. Il aurait eu envie de se dissoudre, ce qu’il faisait déjà, d’une certaine manière, depuis le début de cette journée, se répandant dans tout l’aéroport en volutes de sueur. Il voulait rentrer chez lui, il voulait dormir, il voulait… il voulait, mais comme d’habitude, Son pouvoir avait été plus fort. Puisqu’il Lui fallait conserver un peu de prestige, autant ne pas partir seule, montrer que toute sa force ne s’était pas évaporée suite à un coup de fil gouvernemental. Il l’avait sentie forcer son esprit, pénétrer loin au sein de sa bulle d’intimité, là où se terrait le minuscule centre de son indépendance, et tenter d’écrabouiller ce misérable petit fruit de toute la force qu’il lui rester encore. Christobal avait cédé à peine le premier craquement retenti et lui avait emboité le pas. Il n’y avait plus grand-chose à dire. Ils s’étaient calfeutrés dans Son bureau et elle lui avait demandé de répéter toute l’histoire, tout ce qu’il avait vu sir le radar et en début de matinée encore et encore jusqu’à ce qu’elle finisse, de guerre lasse, par s’endormir sur le bureau. Lui s’était allongé un instant et, consultant sa montre, il vit que plusieurs heures s’étaient écoulées.
        Le téléphone continuait son tintamarre. Elle n’était plus là, il en profita pour s’éclipser discrètement et tenter d’atteindre son véhicule avant qu’une autre tuile ne l’atteigne.” (Julien D.)



(Suite de l’histoire n°5) “
C’était son plan : se faire passer pour un crétin. Un gars à la tête dure comme du bois, et qu’elle allait pouvoir mener à la baguette. Elle se croyait maligne à parler tout le temps, elle allait voir ce qu’elle allait voir, quand elle examinerait le téléphone de plus près… Et lui, il la regarderait faire par le trou de la serrure. Elle allait voir.” (Juliette Sabbah)