lundi 16 avril 2012

TEAM TWO - episode 23


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]



(Suite de l’histoire n°1) “Il cherche machinalement le contact rassurant de son passeport dans sa poche arrière. Peut-être devrait-il retourner au Japon. Là-bas au moins, il a de bonnes raisons de se sentir étranger. Le parfum trouble de la soupe de nouilles bouillante de l'aéroport remonte ses pensées au galop. Perdu dans ces souvenirs, il ne voie pas les contorsions inhabituelles qu'elle fait de mauvais grâce pour tenter de trouver le deuxième dé. ” (Charles M)




(Suite de l’histoire n°2) “Chan Li Poum se réveilla d’heureuse humeur. Il avait certes échoué au concours du Shangri-La, mais il avait depuis cet échec arrêté un plan pour se présenter à la prochaine sélection dans de meilleures conditions: Pied Nuageux le préparerait. Mais, avant d’entamer cette préparation, il lui faudrait convaincre le moine qui, à cette heure-ci, dormait encore sur la natte étendue à côté de celle de Chan Li Poum, débraillé, ronflant, rôtant épisodiquement, se grattant le ventre, qu’il avait poilu et crasseux. A présnet dégrisé, le jeune paysan se demandait si son idée de la veille était si bonne que cela, et s’il ne serait pas plus judicieux de se présenter au monastère pour devenir cuistoit ou artisan: il abandonnerait le gongfu mais, au moins, il serait auprès de ces maîtres qu’il vénérait e dont les savoirs mystérieux, inaccessibles, l’attiraient comme le bambou attire le panda que tiraille la faim.” (David M.)




(Suite de l’histoire n°3) “"_Mais bien sûr qu'être chercheur a aidé, que veux-tu que je te dise d'autre ? J'ai bien compris ce qu'était le Ce Que C'est, bien avant qu'on ne me lui donne un nom en forme d'énigme, je ne suis pas totalement : "savez-vous ce que le Ce Que C'est est ? Le savez-vous ? Au moins le savez-vous ?". Je ne suis pas naïve en biochimie mais je suis chercheur en biochimie, alors bien sûr que ça me parle, je suis calée en biochimie. Pas stupide. Bien évidemment.Les grosseurs, je sais ce que c'est lorsque ça a des effets laids. Mais dis-moi Pléthore, est-ce le Ce Que C'est qui te fait me quitter ? Ou bien est-ce la disparition de mon sein gauche ?"
Mercredi. Un an après.
"_Est-ce la balafre ? L'entaille. Dessous le cœur. Toute courbe. Une autoroute. Dessous mon monde intérieur qui tourne et continue de battre mon magma magnétique qui affole les boussoles. Rond. Chapeau pointu. Dessous, mon avenir. Incertain. Véritable. Dessous ma vulnérabilité qui frétille et fait des vrilles. J'ai lu de nombreux livre, je me suis dit que ça serait pas facile, des livres très épais aux pages nombreuses et aux textes longs comme la file d'attente à la caisse d'assurance maladie. Pour nous deux. Je ne suis pas seule. Nous formons un banc de poissons. De poissons mis au ban : les témoignages, c'est au-delà de toutes publications scientifiques ou écriture comptable si on dresse la liste de ce qui nous est dû. En tout cas je ne l'étais pas. Je le savais. Je ne suis pas plus bête qu'une autre. Je suis plutôt intelligente même. On me l'a dit. J'ai une carte de chercheur en biochimie qui paraphrase mon intelligence, ma logique et mon esprit de déduction. Avec ma photo dessus. Ma photo bien cadrée à partir de mon cou et un tampon à l'encre bleue comme tes yeux Pléthore "ne photographiez pas ma poitrine" "cela vous convient-il ?" "oui c'est parfait mais ne peut-on pas un peu remonter ?" "remonter, ce n'est plus la poitrine mais le cou que vous allez cacher, madame" "remontez, s'il vous plait, remontez". Photo d'identité. Mon sein. Sans doute l'ont-ils brûlé dans un four après la biopsie. Comme un vulgaire déchet. MON sein. Tout juste comme un emballage de pizza ou bien un pack de lait. Mon sein. On a enlevé à une chatte ses trois petits, nous les avons ensuite noyés dans le baignoire puis mis dans la benne à ordures devant la maison. La chatte a commencé à tourner en rond, à chercher, chercher, notamment sous le meuble de la télévision, parmi les petits moutons. Elle s'est beaucoup lécher durant quelques jours parce qu’elle ne pouvait pas nettoyer ses petits. Substitut. Puis quelques temps plus tard, elle a de nouveau eu ses chaleurs et a tout oublié. Je ne suis pas pareil. Toi non plus. Comment pouvais-tu me désirer encore ? Comment pouvais-tu aimer cette cicatrice ou bien cette désormais moitié de femme que je suis ? Je sais bien qu'on m'a enlevé quelque chose, je ne peux rien faire contre ça, tu sais. Je ne peux pas lutter. Si j'avais pu, tu penses bien, je ne me serais pas laisser faire. Le ganglion sentinelle, celui qui fait les cent pas et qui peut te tirer dessus. J'ai pas la clé pour le faire revenir tu sais comme j'ai pas la clé pour t'empêcher de partir. Pour la chaleur de tes bras, le rebondi de ta braguette qui résonne du passé comme le clavecin pour le piano, un écho de ce qui fut. J'ai pas la clé pour que tu te sentes de nouveau sur mon sein comme dans une maison. Je peux te construire, avec mon absence de sein, une sorte de cabane,un cénotaphe très en la mémoire de ce que nous avons été l'un pour l'autre. Le vide, on le remplit bien avec ce que l'on veut. Alors oui, tu peux bien choisir de me laisser, mais j'apprécierais bien assez que tu restes, tu sais, hein, ma Pléthore de moi."
"_ Je te laisse les clés sur le meuble. Au revoir. Prends soin de toi".



Notons également que certains facteurs de promotion peuvent accélérer la prolifération d’un cancer en exerçant de nombreuses modifications et dérèglements. Parmi ces promoteurs, on peut citer :
• la nutrition, l’alcool et certaines amines présentes dans le tabac
• les infections ou les traumatismes répétés
• la participation de certaines hormones (notamment pour les cancers dits hormono-dépendants tels le cancer de la prostate, de la thyroïde, du col de l’utérus…).
Par conséquent, considérer le cancer comme une seule maladie serait une erreur tant les mécanismes et autres facteurs entrant en jeu sont nombreux. Le cancer doit être considéré comme une somme de pathologies dont il convient de combattre les différents symptômes en combinant de multiples thérapies
complémentaires. Pour ce faire, la médecine dispose de nombreuses stratégies et différents traitements à portée plus ou moins locale suivant l’importance et le type de cancer.” (Alban Orsini)




(Suite de l’histoire n°4) “- Hey, j’ai quelque-chose !
Christobal émit un cri et sursauta en s’éveillant. L’Amiral se retourna un instant. Profitant de sa distraction, Elle en profita pour se mettre hors de portée, bondit de son siège et vint se placer derrière l’analyste. Ça pouvait être n’importe quoi, elle saurait bien s’en contenter, faire d’un pet de mouche une donnée significative.
« ALORS ! QUOI ? »
Tous les regards se tournèrent vers la pauvre carcasse de l’aiguilleur. Il avait du rêver très fort pour pousser ce cri, mais son écran était désespérément vide. Désespérément ? non. En fait, les choses avaient bougé durant les dernières heures. Comprenant que son avenir était en jeu, il se força à ne pas sentir les regards qu’on braquait sur lui. Il recommença les mantras, mais intérieurement. Jesuisdansmonélémentjesuislàoùjedoisêtreetpasailleursjesuisindispensablejedoisparlerjedoisdirecequejesais
Il voyait le monde sur un écran, et dans le flot des statistiques, des coordonnées sur la grille terrestre, il y avait un écho, un petit bout de quelque-chose qui avait renvoyé un signal à un capteur et qui apparaissait – depuis combien de temps ? - sur l’écran de notre héros, quelque-chose de trop significatif pour être un parasite, peut-être un parasite d’acier, une vieille coque poussée à la balade par le jeu des marées.
- J’ai un signal, un écho repéré par un navire de pêche qui nous a transmis une série de coordonnées. Ils se dirigent vers la source…” (Julien D. assure l’intérim de 008)




(Suite de l’histoire n°5) “Nous nous sommes retrouvés dans le noir. Tout autour de la maison, c’était le silence, on n’entendait plus que le « BZZZZZZ ! » du téléphone. Mon père, brusquement tiré de la lecture de son livre, a saisi le combiné. Je ne pouvais pas le voir, ni entendre la voix qui parvenait à son oreille. Après un long moment – qui m’a semblé une éternité – j’ai entendu un clic métallique. Il avait raccroché. Je l’entendis se diriger à tâtons vers le cagibi où il mettait ses outils, il tourna la clef dans la serrure et fouilla dans le noir jusqu’à trouver une lampe de poche. Quand la lumière se fit, il me regardait fixement à travers ses lunettes à écailles. « Tu dois partir, et vite », prononça-t-il. ” (Juliette Sabbah)