lundi 16 avril 2012

TEAM TWO - episode 47

[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]



(Suite de l’histoire n°1) “Il avait gardé cette habitude d'être à la fois le cowboy et l'indien, qui lui conférait, selon les sources, une grande finesse d'analyse ou une indécision chronique. Habile aux nuances et sensible aux détails, il n'était, il faut bien l'avouer, pas un très doué pour les décisions. "Bon alors, on y va?" lui intime-t-elle en lui mettant une grande tape sur l'épaule, qui le fait s'étrangler gentiment. ” (Charles M)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Madame pipi qu'y m'disent et moi j'réponds "madame pipi et oui" et que j'remue les épaules pour acquiescer et qu'j'enfonce ma p'tite tête dedans pour disparaître un peu parce que je me sens vilaine. Et puis j'fais des statistiques sur la propreté du quidam et des comparatifs de type INSEE : les hommes c'est plus sales que les femmes mais quand y'en a une qu'a décidé d'être sale, elle l'est pour dix hommes, ce qui foire pas mal les gaussiennes. J'hurle : "hey dites donc ma p'tite dame, vous vous êtes crue où ?" et j'la ridiculise de bien histoire que tout le monde y sachent  à qui y z'ont affaire ! Pareil pour les hommes qui s'lavent pas les mains : "y va m'les laver ses mains ou bin y veut qu'tout l'restaurant y sente son p'tit Jésus ?!" et ça marche plutôt que c'est comme pour les impolis : "ça va lui faire un herpès labial d'dire bonjour ou alors ?" et l'homme (c'est bien souvent des hommes, vissés comme des idiots à leur téléphone quand y z'ont pas leur femme à côté comme des moitiés d'eux pas capables d'avoir un peu d'estime pour elles pour les lâcher comme des rognures d'ongles dans un sac poubelle) dit "bonjour" avec une tête que ça lui arrache la tronche et puis y s'réfugie façon raton dans les toilettes, à l'abri d'jardin, les yeux face terre. Dame pipi, ça marche pas comme un aimant à pognon, pas du tout, tout l'contraire, faut pas croire c'qu'on raconte sur des fortunes qui se s'raient faites en s'fendant d'un bonsoir bien senti, ça non : faut faire des sourires et des salamalecs pour qu'on nous donne un peu, si peu qu'parfois j'fais des bras d'honneur sans honneur à ceux qui partent sans rien et que l'miroir renvoie des fois si y voient mais même pas qui f'raient d'mi-tour. J'suis interdite : ça m'la coupe. Qu'est-ce qu'y croient ? Je suis pas invisible ! Mon père est pas vitrier : ch'suis du genre beauté très souple, j'fais l'pont quand j'veux avec mes deux mains au sol bien à plat, faut pas croire. Mais j'dois pas être leur genre : la dame pipi, elle a pas d'vie, elle est vulgaire, elle est cliché : elle sent mauvais. On l'a veut pas, ça nous dépasse, elle fait partie des murs, ça fait bien longtemps qu'elle a rejoint la tapisserie.

Contre un mur, y'a une réclame "le lait concentré : c'est bon pour mon bébé" alors moi j'pense au diabète qui va v'nir plus tard et ça m'fait bien marrer. le caramel. LE  LAIT LE LAIT LE LAIT CONCENTRE SUCRE, IL EST MAGIQUE !” (Alban Orsini)


(Suite de l’histoire n°4) “… Tout ça pour un rêve ? Un rêve dans un rêve ?

- Non, plutôt un rêve qui se dilue
- Peut-être perdons-nous le contact ?
- Je ne crois pas que quelque-chose puisse réellement nous séparer, si nous avons pu nous rencontrer de cette manière, si nous avons su nous rejoindre.
- Attends, je ne suis pas sûr d’être cette Greta dont tu parles. Pour l’instant, je ne suis qu’un poisson et je nage dans une fontaine.
- Et moi, tu m’as vu ? Tout gros, tout suant sous le soleil de ce parking ? Mon corps se met à couler, littéralement et désormais je parle différemment, plus comme cet abruti de contrôleur aérien qui a peur de tout.
- Mais ça ne veut rien dire.
- Si, c’est l’amour.
- L’amour ? De quoi ? Pour l’instant, tu ne m’es pas plus important qu’un banc de sardines ou une nuée de mouches. Et tout à l’heure, quand j’étais encore une femme, n’en parlons pas, je n’éprouvais que mépris pour toi avec, de temps en temps, un vague intérêt professionnel lorsque tu étais capable de m’indiquer quelque donnée valable. D’ailleurs, peut-être sommes-nous toujours ces gens. Je me souviens, j’avais peur des zones obscures de mon esprit. Peut-être ai-je fini par m’y perdre, la fatigue et le stress aidant. Peut-être qu’on m’a trouvé là, à côté du distributeur, à regarder le fond de mon gobelet, raide comme un piquet, les souliers recouverts de sirop de menthe. Ou alors c’est moi qui me suis échoué et toi qui essaie de me sauver. Ou alors c’est toi Greta et je suis Nils.
- Tachons d’y voir plus clair.
- Comment faire ?” (Julien D.)


(Suite de l’histoire n°5) “Désemparée, elle tira de sa poche le téléphone portable de l’homme, celui qui lui avait servi à enregistrer la conversation. En l’examinant à la loupe, elle remarqua qu’il était très facile à démonter, et qu’elle pourrait peut-être utiliser une pièce pour forcer la serrure. « Mais ça va me prendre des heures », songea-t-elle. « D’ici à ce que je sorte d’ici, de l’eau aura coulé sous les ponts. Dieu sait ce que cet homme aura manigancé ». Elle était désespérée, et se serait volontiers cachée dans un abri le temps que ce cauchemar se dissipe. Mais non, elle était bien dans la réalité et devait sortir de cette chambre. Elle se força à reprendre un peu courage et se saisit de nouveau du téléphone qu’elle avait laissé tomber par terre. ” (Juliette Sabbah)