lundi 16 avril 2012

TEAM TWO - episode 44


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Elle respire très fort, voire bruyamment, et remue régulièrement les jambes par saccades qui font comme des petites convulsions. préoccupées.  Pour un peu, il l'entendrait penser. Elle dit: "on recommence?" Il espère qu'elle ne parle pas des dés.” (Charles M)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Il n'y a aucune autre révolution.
Cela fait trois mois et demi que je suis perdue dans cette forêt. J'ai fini par reconstruire un nouvel abri en branches d'arbousier, adossé à mon pommier piccamineux. Il est confortable et j'y suis bien. Je suis protégée des intempéries et des bêtes sauvages. Je fais des feux. Je peux m'endormir paisiblement sans rien vraiment craindre. Je me lave dans la rivière, en contrebas du pont au dessous duquel je ne vais plus du tout depuis presque une semaine. Je me suis résignée à ne jamais ouvrir la porte du poste d'observation du pont de la rivière poissonneuse. Et c'est tant mieux. Avec le changement de saison, des rats y ont fait leur apparition et je déteste les rats comme je déteste les hommes. Ils nagent en bancs serrées, la tête à la surface en quête d'air, la queue ballante par à-coups de droite à gauche à la manière d'un gouvernail. Ils grouillent en insectes infects et je déteste leur queue. Leur queue est ce qu'il y a de plus ignoble et de moins justifié au monde. Ils ne m'inspireraient pas tant de dégoût s'ils n'avaient pas cette queue. Coupez-la, vous en ferez des êtres acceptables : on leur pardonnerait tout, ils seraient des chiots, des êtres attendrissants, tout mous et poilus comme des. Les chatons, les ratons. Leur queue les transforme en monstre. Ils envahissent l'air avec leur appendice et leur donner l'importance et le pouvoir est injustifié. La suprématie. Comme une photo de nous laide sur une carte d'identité. Une chose que l'on traîne trop longtemps derrière nous. Il n'y a pas de justice dans la queue. C'est une hérésie, une distorsion, un kyste. Elle bouge en mesure, elle se dresse, elle se tord à tout rompre. Cannelée. Vilaine. Poilue. Courbe. Vigoureuse : elle pourchasse. Je déteste ces animaux. Je les hais du plus profond de mon âme : la Terre n'a pas besoin d'eux. Puparium. Eristaline. Je ne comprends pas cette création. L'utilité ? Rien. Une existence fainéante. Injuste. Injustifiée. Accrochée sur rien. Pour rien. Et pourtant, ils continuent de se reproduire à toute allure, consanguins. Et à envahir le monde.
Mon nouvel abri me servira à ça aussi, me protéger d'eux et de leur queue.” (Alban Orsini)


(Suite de l’histoire n°4) “C’est la fuite vers le parking. S’extraire prudemment du bureau, se faufiler de couloir en couloir jusqu’à la porte de sortie, s’égarer entre les files de voitures. Ne plus se souvenir où on s’est garé, ne plus comprendre comment fonctionne le monde. Dans son demi-sommeil, Christobal s’étonne de ne pas trouver les voitures mieux rangées. On devrait inventer un système se dit-il. Par couleur, ou par numéro croissant de plaque d’immatriculation. Ici tout se ressemble. Les repères ne lui disent rien et, en fait, il ne se souvient de plus grand-chose d’avant la cellule de crise. Il titube un peu, il commence à douter de pouvoir rentrer chez lui. Peut-être va-t-il se retrouver condamné à loger à l’aéroport ? Installer un campement dans un coin, faute de pouvoir en sortir, se faire un nid, s’intégrer à la structure même du bâtiment… Il ne trouve pas ça très juste. Encore une fois, mais nous commençons à comprendre que, chez lui, la plainte est un chemin de vie, un fil qu’il suit constamment. Sa tête est lourde. Le soleil tape. Il a encore sommeil. En plus, il a perdu sa carte de parking.
Tant pis, il ira à pieds.” (Julien D.)



(Suite de l’histoire n°5) “La clé dans la main, elle hésitait toutefois. Elle aurait voulu se procurer également le talisman sur lequel son regard s’égarait, afin d’écouter tous les sons bizarres que contenait la fameuse mini-cassette. Elle avait le sentiment qu’elle en saurait plus sur le sort de sa maison. « Tu dois aller en Inde », lui avait dit sa tante. Elle se souvint brusquement qu’elle n’avait toujours pas contacté sa famille. Le temps qu’elle rassemble ses esprits, l’homme avait disparu. Elle regagna sa chambre et commença à méditer, tout en croquant une pomme qui s’offrait à elle dans un compotier en métal.” (Juliette Sabbah)