lundi 16 avril 2012

TEAM TWO - episode 48


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Il prend les deux petits cubes entre ses mains et, dans un geste presque familier désormais, presque libérateur aussi, les lance à travers la pièce. Il croit la voir battre des mains de bonheur, à la limite de son champ de vision, comme une écolière dans un dessin animé japonais. Les deux dés rebondissent contre le mur avec violence, l'un partant à gauche sous le lit, et l'autre derrière une commode, complètement à droite. Il soupire pour la forme, attrape la lampe de poche dans le tiroir de la table de chevet et part explorer le dessous du lit. "Ne triche pas", précise-t-elle.” (Charles M)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Et puis il y a eu l'homme. Le monsieur pipi. Y'a eu un grand débat, on me voyait sur l'départ : "faut changer la dame pipi" et avec un m'sieur pipi, pardi ! Sinon, ça f'rait moins dur mais : ça fait plus moderne, la guerre des sexes, tout ça, M'sieur pipi contre M'aâme pipi, c'est pas d'bon sens et ça fait pas du très beau. Non mais qu'est-ce que c'est qu'ces idioties-là ?! Alors, toutes les dames pipi de France et de Navarre se sont mises sur leur trente-et-un et elles sont parties en croisade contre la suprématie de l'homme sur elles, parce qu'il y avait pas le choix, elles ont pris des trains, des avions, il y a eu des conférences, des réunions secrètes de Dames pipi dans kêk endroits secrets. Mais j'ai l'oeil. moi j'comprends c'qui s'passe : on va nous remplacer par des machines, des caisses automatiques avec des fentes, des Jukebox, des "mettez-y ici vos cinquante cents" puis "par ici et envoyez la monnaie" et enfin "là", tout court, parce que les gars y d'viennent de plus en plus bêtes à mesure qu'les années elles passent. D'abord, on interchange : c'est la femme contre l'homme, puis l'homme contre la machine. On appelle ça la modernité, moi j'appelle ça d'la connerie de 'pisseux qu'à pas bien réfléchi ! On va pas dans la bonne direction, y'a pas besoin d'y regarder de plus prêt va ! J'ai l'oeil pour ces choses-là, j'ai l'âge pour être pertinente, faut pas croire. Alors on s'est rassemblées.
Sur le mur y'a une autre réclame qui dit  : "Quand je fais de la purée en flocons, je suis sûre que tout le monde en reprend". Moi j'dis : "Apprends donc d'abord  à cuire un vrai gigot de vrai de vrai et après on pourra parler d'en reprendre !"” (Alban Orsini)


(Suite de l’histoire n°4) “
Oui, comment faire alors que cette Greta ne me dit rien. C’est vrai que tu as changé, je suis bien obligé de le constater, mais ça n’éclaircit rien. Tu étais quelqu’un, et puis comme ça, suite à un excès de soleil, à un manque de sommeil, tu es devenu quelqu’un d’autre. Et moi je suis un poisson, et je te parle derrière une paroi de plastique, dans une fontaine d’eau potable. Tout ça est très étrange, je te l’accorde, mais ça ne dit rien. On pourrait très bien être encore ailleurs, d’autres personnes qui rêvent cette histoire un peu tirée par les cheveux d’un couple qui se retrouve en rêve, tout ça par la force de l’amour.

- Ce n’est pas ce que je dis, ce n’est peut-être pas l’amour qui nous réunit. Ca pourrait être une certaine forme d’habitude. A force de s’allonger l’un auprès de l’autre, nos songes auraient tendance à se rapprocher.
- Une espèce d’attirance par l’habitude ?
- Oui, ou quelque-chose de complètement différent. Le destin, ou une forme de divinité
- Et ça pourrait-être le hasard aussi ?
- Oui, juste le hasard qui provoque cette situation cocasse. Il se pourrait encore que nous ne soyons pas encore déterminés et que nous puissions être un peu tout, en fonction de ce que nous voulons : la femme forte et l’épouse délaissée, l’ingénieur adipeux et l’homme d’affaires. Un homme échoué, une femme-poisson quoi d’autre encore ?
- Ca n’explique rien une fois encore, tu ne me donnes aucune direction à suivre pour confirmer tes dires. Tu ne fais que m’enfoncer encore un peu plus au milieu des songes. La Femme que j’étais avait peur de ce territoire. Quand elle croyait à son pouvoir de contrôle, le monde avait l’air plus stable. On ne pouvait pas parler à travers les murs et aucun homme ne coulait au sol.
- On peut toujours essayer. Faute de certitudes, nous n’avons qu’à jouer un instant comme les enfants. « On dirait que tu était Greta, ma femme et je dirais que j’étais Nils, et que nous rêvions l’un à l’autre. »
- Dis m’en plus sur cette Greta, je n’accepterai rien si cette femme ne me plait pas.
- Je vais te la montrer.” (Julien D.)


(Suite de l’histoire n°5) “Elle appuya sur un bouton ; la conversation qu’elle avait eue avec l’homme résonna dans la chambre vide. « Ça part dans tous les sens », marmonna-t-elle avec un rictus pincé. Puis elle réalisa ce qu’elle venait de dire et se prit à rire : elle n’allait pas en faire un roman de son histoire, de toute façon ! Non, ce qui comptait, c’était de trouver un moyen d’ouvrir cette porte qui semblait définitivement cadenassée. Une idée lui vint : elle reprit en main le porte-clé en forme de scarabée et le posa à côté du téléphone. ” (Juliette Sabbah)