dimanche 1 avril 2012

TEAM ONE - PAGE 5 - Dragon Ash

[ci-dessous, l'assemblage des épisodes 27 à 31 écrits par Dragon Ash forme la page 5 de son texte.]

Hunter freina prudemment à l'entrée du village et gara son car blanc cassé près du pylône de transmission téléphonique, au sommet duquel était perché un vautour — Yorick, un des familiers de Peony. Le charognard se nourrissait de poissons et de gros rats, au grand dégoût des dix-sept autres habitants du hameau. Lesquels auraient aussi aimé se débarrasser du pylône, selon eux cause des maux de tête et des crises de mélancolie qui frappaient la communauté.
— Foutaises, disait Peony : parce que franchement, avec les dépôts d'uranium de l'autre côté de la colline et les cochonneries qu'on trouve au fond du lac, il y a de quoi faire. Peony avait reconnu le car sur la route du lac et sorti son meilleur mezcal. Les deux chats, le chien — une bête roussâtre aux allures de coyote — et le singe se disputaient une énorme sauterelle dans un coin du bar. Deux des Californiennes, Bridget et Wanda, toutes les deux en maillot de bain, se tiraient les cartes en buvant du jus d'agave.— Oh ! Les ennemis du genre humain, ricanèrent-elles en voyant paraître Arrow et son compagnon. Mad Hunter marmonna une insulte en navajo. Peony cracha une graine de tournesol à deux pas du singe, qui se mit à piailler — c'était un rescapé du labo, un vervet, bestiole au poil gris et au masque charbonneux. La jolie Bridget secoua ses boucles rousses. — C'est malin. Il n'y est pour rien, le pauvre. — Tsu-tsu, susurra Arrow.Le singe lui sauta dans les bras. — Il se souvient, dit Peony. Pas vrai, Xue ?
Le singe chercha distraitement des poux sur la tête d'Arrow, n'en trouva pas, lui lécha les oreilles avant d'aller tirer la queue d'un des chats. La ménagerie d'Area 51 provenait du labo, à l'exception du chien et du vautour. Ces deux-là, le désert les avait crachés un matin de février. Le chien alors gros comme deux poings et le vautour traînant par le bec ce qui restait de sa mère. Le vervet et les deux chats avaient été sorti des cages par des nuits sans van Doorn.

Les végétaliennes tirèrent leur révérence.

— Je ne sais pas comment tu fais pour les supporter, ces connards, fit Hunter.

— Bah, ils ne sont pas si méchants. Ils nous envient, au fond. Ça serait si chic d'être un peu nègre. Ou un peu native.

Du comptoir, on avait vue sur le lac, scintillant. Et la route.

— Et puis, mon pauvre : c'est quand même un bon tiers de ma clientèle. Les deux gosses sont gentils.

Van Doorn, van Doorn encagoulé errant entre les cages. Van Doorn passant ses nuits à les surveiller, eux trois, sur ses écrans de contrôle. Depuis quand ? Nom de dieu, m'a-t-il vu…

Les deux filles à présent se baignaient, nues.

— Elles n'ont peur de rien, elles. Je ne foutrais pas l'ongle du petit orteil dans cette soupe. Ils vont à l'école, les mômes ?

— Penses-tu ! C'est éducation à la maison et cataplasmes au jus de cactus.

Mad Hunter au deuxième verre de mezcal raconta les méfaits du patron.

— Quel malade ! Qu'est-ce qu'il a derrière la tête ?

Arrow avait une douleur persistante derrière l'os frontal. Trop joué cette nuit. Trop réfléchi. Trop de soleil, trop de mezcal. Les bras croisés sur la table, il s'endormit.
***

ai ! jvou parl ssaipa trai fassile dekssplikai makonssepssion dumond aila raizon pour lakel jinterviain dan ledesstain daijan on peu dir ke jeu sui kom unnsortt deupon antr laichozvuainonvu antanduainonantandu reussantiainonreussanti ankelkeusortt ainaisspri unaitainssel vital ankor kilparai souvan ojan keujeu leurportt maleur sseuki mafoi ai biain possibl silon konsidair leupeu deugou kilzon pour lavairitai ssaijan meuvoi danleur ssomaiye ailorkilseu raivaye iltrambl ilfairm laizieu ssachan kilzon vu ofon deumaim ssaijan jeukroi on peur daitainaibr on peur dusilanss on peur deulamor sseuki amonsans neussaplik pahamai visitt sse nai pa ssakeu jeudi jeudi ojan reugardai danvo tainaibr aivou vairai jeuneu di paklair mai louin vou kompreunai ? louin

***

Le sang qui coule du front d'Etsuko trace sa route lentement sur sa joue. Elle le barre de l'index, le goûte du bout de la langue.

— Etsu-chan, murmure Daisuke, hébété.

Elle a reçu juste au-dessus de la tempe un oiseau en bois tombé de la plus haute des étagères. Les poissons, comme Daisuke, sont indemnes. Une rumeur monte de la rue. Il y a des gens sur la chaussée, attachés-cases ou sacs à dos sur la tête. Une gamine en blanc, coiffée d'un casque jaune, regarde, assise sur le trottoir, un chien qui tremble et pleure sous une voiture.

— Viens, dit-il. Viens à côté de moi. Je t'ai attendu une partie de la nuit, tu sais ?

D'une main hésitante, il écarte les cheveux d'Etsuko. La coupure est longue, dix bons centimètres.

— Tu vois des étoiles ? Tu as envie de tomber dans les pommes ? De vomir ?

— Non, pas à ce point -là.

— Et puis j'ai appelé ta sœur qui m'a dit que tu étais partie très joyeuse avec Katsu.

— C'est vrai. Boire au parc, avec des amis à lui.

— Des musiciens ?

— Sûrement.

— Je ne me suis plus inquiété, j'ai dormi. Je vais te désinfecter ça.

La gamine a enlevé un de ses mocassins et la chaussette qui va avec et fait gigoter ses orteils sous le nez du chien, qui les lèche, les uns après les autres.

Fiche le camp, fantôme du passé, se dit Etsuko, qui serre les dents la minute d'après : Daisuke tamponne sa plaie à l'iode.

— Il y a une bosse, aussi. Tu es sûre que ça va ?

— J'ai un bruit dans les oreilles. Mais ça va, oui. C'est le manque de sommeil, tu sais ? Je n'ai pas dormi.

Elle se retourne, le regarde comme elle l'a regardé à l'aéroport : il est son geôlier sans le savoir.

Deux téléphones sonnent simultanément.
Daisuke répond à sa mère, Etsuko à Keiko. Non, non, nous allons bien. La maison a tenu. Une fois de plus. Et Mme Tsukamoto ? Ah ? Je passerai au resto avant midi si tu veux. Mais ce n'était rien, 4 sur l'échelle de Richter. Dis donc, ton frère, qu'est-ce qu'il avait bu la nuit dernière. Etsuko bâille. La gamine dans la rue a ôté ses deux chaussures et pleure de soulagement, sans doute.
— Dai-chan ? On se recouche ?
— Dai-chan !
Ça le fait rire. Il tire sur sa barbiche grise. Elle pose sa tête sur ses genoux nus.
— Tu saignes encore.
— Chut. Dai-chan, caresse-moi les épaules.
Les épaules. Il les caresse et les lèche, jusqu'aux reins. Elle s'est endormie et rêve qu'un singe vert est assis sur son ventre, et qu'il lui parle d'une voix claire qui n'est ni masculine ni féminine ni, se dit-elle dans le rêve, animale. Et tandis que Daisuke lui masse le creux du dos, le singe lui tête les seins, comme un enfant humain.





(à suivre)

Dragon Ash