lundi 16 avril 2012

TEAM TWO - episode 43


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “La tristesse et l'angoisse qui l'étreignent familièrement se sont apaisées dans ses bras, laissant place à un fourmillement joyeux et presque serein. "Et si c'était ça l'amour", se dit-il, plus pour s'entendre le penser que par conviction, alors qu'il est tout simplement épuisé. ” (Charles M)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Je n'ai pas réussi à ouvrir cette satanée porte. Je n'y arrive pas.  Je suis en colère, je suis si triste, je ne suis qu'une femme, je suis faible, je n'ai pas assez de forces, je déteste cette condition, je déteste cette condition, je déteste cette condition, je déteste mes attributs qui ne servent à rien, je ne peux rien y faire, je suis désemparée, je  me sens abandonnée, je déteste cette forêt, je déteste cet endroit, je déteste ma faiblesse, je déteste mon inutilité. Je perds mes repères, mes nords, mes suds, je me fane et me ferme, j'ai envie de pleurer. J'ai besoin d'un homme.  De sa force. Je suis si dessous. Si inférieur. Je regarde la serrure, je regarde le cadenas, mes branches inutiles qui ne font en rien de bons pieds-de-biche, à peine des fagots de petits bois pour alimenter un feu et encore, ces brindilles sont sèches, sans résine, elles ne prendraient même pas. Comme moi sans sang. J'ai tout bazardé dans l'eau, j'ai hurlé, je me fiche que quelqu'un m'entende. Je suis une proie, c'est certain. Quelqu'un me traque. Pour je ne sais quoi. Pour je ne sais qui. Je n'ai pas tué cette tortue : la vérité est autre. La tortue s'est noyée toute seule. La tortue, c'est pas si amphibie. La tortue, c'est pas si solide : ça explose sur des pierres très facilement et toute seule. Je ne suis pas responsable, inutile de me traquer de la sorte pour un crime que je n'ai pas commis. Je me suis jetée tout entière sur cette porte. Comme folle. J'ai inséré mes doigts dans tous les interstices disponibles pour arracher la porte en métal, j'ai tiré dessus comme une damnée, mais rien, vraiment rien. Pas un mouvement, pas un bruit. Je suis une ratée. Je veux mourir. Rejoindre la tortue. Il n'y a aucune autre solution.” (Alban Orsini)


(Suite de l’histoire n°4) “Elle laissa son regard flotter à la surface de la boisson. La liqueur peinait à tourner à l’orange. La poudre s’était mal dissoute, il y en avait plein qui était restée collée au fond du gobelet en petits paquets. Elle fit tourner le breuvage, mais les récifs résistèrent à l’érosion. Une drôle d’émotion l’assaillit, du genre inexplicable face à sa tasse de thé. Elle ne se laissait pas aller. Jamais. Et pourtant, c’était comme si elle lisait quelque-chose dans les tréfonds de la boisson, dans les volutes plus foncées du thé, dans les restes de poudre et le clapotis du gobelet. Elle sentait qu’on l’appelait ailleurs, dans une dimension à l’écart qu’elle avait peu l’habitude de visiter, ces sphères métaphoriques où elle ne pénétrait pas, de peur de ne jamais en revenir, ou pire, de peur de perdre un temps précieux qu’elle aurait pu mettre au service de sa carrière. Déjà les rêves, cette espèce de type tout bronzé aux abdos en tablette de chocolat qu’on aurait dit sorti d’une brochure commerciale vantant le charme des iles, le corps ruisselant d’eau. Le souvenir était plutôt agréable. Quoi d’autre encore ? Un oiseau en feu, la mer qui brûle, une vague… tout ça n’avait plus de sens. Et puis des insectes encore, un nid de cafards, et une tristesse. Un emprisonnement. Les images devenaient sensations. Elle ne savait plus très bien si elle se souvenait d’un rêve ou si ça arrivait maintenant, mais c’était très fort. Tristesse, froid, faim, peur. Peur de l’air, du feu puis de l’eau. Une chute vertigineuse. Ce n’était certainement pas une coïncidence, juste quelques réminiscences de la nuit assaisonnées de sa déception personnelle.” (Julien D.)



(Suite de l’histoire n°5) “Maya se méfiait de cet homme qui la regardait avec des yeux niais. Malgré ce qu’elle avait dit avant, elle ne le trouvait pas clair du tout. Elle se demanda dans quelle direction avancer, et décidé que présentement, cela serait celle de sa chambre. Elle avait assez parlé comme cela avec ce nigaud, avec son ridicule talisman en forme de scarabée – ce joli nigaud, il fallait l’avouer. Dans l’immédiat, elle envisageait avec faveur l’idée de prendre un roman et de se mettre au lit. Le reste pouvait bien attendre le lendemain. Elle tira la clé de sa chambre de sa poche, où elle avait déjà déposé le téléphone.” (Juliette Sabbah)