lundi 16 avril 2012

TEAM TWO - episode 41


[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “Les sonneries muettes de leurs téléphones rythment des flashs de lumières qui s'estompent contre les irrégularités du plafond. Ses cils lui font des griffures de mascara contre l'épaule. Il lui semble que le premier mot qui sera prononcé brisera l'innocence fragile de ce moment. ” (Charles M)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Je vais bien. Cela fait bientôt plus de trois mois que je suis ici, coincée dans cette forêt hostile. Je n'ai rien vraiment résolu mais j'ai beaucoup avancé sur des points très précis comme le pont. ILS ont déserté le pont. ILS sont partis. ILS ne reviendront certainement jamais. ILS ont quitté cette partie là de la rivière. ILS ne vont sans doute pas revenir ici ou plutôt ILS ne vont sans doute pas revenir dans cette partie ci de la forêt ou bien ILS ne vont sans doute pas revenir dans cette parti ci de la forêt tout de suite. Je le sais parce que les poissons sont revenus. Ils s'amassent de nouveau sous l'ombre du pont comme au bon temps où je disais que l'eau sous le pont était poissonneuse. Et le parfum ambré nauséabond de David Lhomme a disparu. Et puis, pour dire toute la vérité, j'y suis allée. Sous le pont. J'y suis allée. Je me suis armée de courage et je suis passée dessous. Les jambes dans l'eau, constamment déportée par le courant, à deux doigts de tomber lorsque je n'avais plus pied. Il y avait bel et bien une salle car il y avait une porte. Une porte dans un coin, entre quelques pierres recouvertes d'algues, un peu cachée. Une porte sans salle derrière, ce n'est pas une porte, mais un mensonge. Cette porte, même si je n'ai pu l'ouvrir, je sais bien sur quoi elle donne : le poste d'observation. Une pièce aux miroirs sans teint, quelque chose qui t'observe. A l’intérieur, des rangées de téléphones sonnent nuits et jours et donnent des nouvelles de la civilisation, j'en suis certaine. De ce qui se passe. A l’extérieur de ce qui est déjà un extérieur... Des milliers de livres, des milliers de rapports, sur la vie de milliers de gens, de milliers de femmes comme moi. Perdues dans d'autres forêts... Des livres sur moi, des rapports sur ma vie et ce que j'en ai fait. Dans le poste d'observation, il y avait des scientifiques. Dans centaines de milliers. Ils évoluaient sur des scooters électriques qui leur permettaient de se déplacer d'un point à un autre. De bunker en bunker. Ils ont laissé des traces. Ils en laisseront d'autres. Ils ne sont pas loin. Je le sais. Je le sens. Le parfum ambré est encore discernable sous le musc animal de quelques cervidés...” (Alban Orsini)


(Suite de l’histoire n°4) “Est-ce le jour ou la nuit ? Ni l’un ni l’autre lui répond le clignotement des néons, tu es juste au milieu.
- Au milieu de quoi ?
- Là où le rêve s’estompe et laisse place à une autre illusion, à un autre simulacre, une interprétation différente.
Ca dit tout ça, le clignotement d’un néon ? Ou c’est le bruit du frigo qui a complété l’idée. Mais Elle n’a pas de frigo dans son bureau, à peine un mini bar, pas un truc susceptible de faire ce genre de glougloutement qui la met au bord de l’écœurement. Elle reconnaitrait presque à ce bruit une qualité organique, l’évacuation vaguement répugnante de la tuyauterie humaine.
Elle passe une main sur sa joue. Les affaires courantes y ont laissé leur trace en plis irrités, en touches de clavier et alors qu’elle comprend seulement qu’elle s’est endormie à son bureau, son corps ne lui demande plus qu’une chose, une tasse de cette mixture infâme que le distributeur automatique qualifie de thé à la menthe, avec plein de sucre. Pourtant, il y a autre chose, encore, une lointaine réminiscence, l’air iodé et le ressac, des images, peut-être, encore enfermées en elles, certainement inspirées de cette terrible nuit passée au poste de commande mais pourtant très présentes, très vivantes, des sensations, le contact de la pierre, la marée, l’odeur de poisson, la caresse des algues… Vite, du thé !” (Julien D.)



(Suite de l’histoire n°5) “C’était son plan : se faire passer pour un crétin. Un gars à la tête dure comme du bois, et qu’elle allait pouvoir mener à la baguette. Elle se croyait maligne à parler tout le temps, elle allait voir ce qu’elle allait voir, quand elle examinerait le téléphone de plus près… Et lui, il la regarderait faire par le trou de la serrure. Elle allait voir. ” (Juliette Sabbah)