(1) "Leurs corps se relâchent. Elle promène un doigt sur son torse dans la lumière fade de l'aquarium. Ses ombres mouvantes faussent leurs expressions. "J'espérais mieux", dit-elle. Il sourit. "Connasse." Ils s'embrassent." (Charles M.).
(2) "Il était une fois Chan Li Poum, un jeune paysan, qui avait longtemps voyagé avant d’arriver au monastère de Shangri-La. Il connaissait déjà le gong fu de la guêpe, et celui du scarabée doré - et son poing était vif comme l’éclair. Mais son chi n’avait pas encore atteint l’éveil, et les enfants de son village natal l’avaient nommé “carpe fumante”, en hommage à la mine contrite qu’il adoptait quand il se trouvait devant un obstacle, comme ce chêne abattu, qui barrait la route du monastère." (David M.).
(3)
"Alors tu te réveilles en pleine forêt et tu ne sais pas pourquoi tu es
là ou bien qui t’y a mise. QUI ? Tu es griffée de tous les côtés, tu as
terriblement mal de partout, des abeilles t’ont piquée semble-t-il _ tu
détestes les abeilles_ ou bien il s’agit d’autres animaux plus
terrifiants encore, tu ne sens plus tes membres alors tu hurles, tu
hurles tout ce que tu peux, mais tu es si faible que ton cri s’arrête à
la glotte, inefficace, un cri de même pas nouveau-né. Un cri de rien. Un
cri de faible. Un cri de blatte ou bien de vermine. Un cri de j’ai
honte. Un cri de j'ai peur. Alors tu te mets à te poser tout un tas de
questions en diversion comme : vais-je rester ici ? Vais-je devoir
apprendre à survivre ? Comment fait-on du feu ? Doit-on attendre la
foudre ? Un avion verra-t-il mon brasier ? Quelqu’un va-t-il me repérer ?
Quoi manger ? Comment et avec quoi pécher ? Quelles sont les baies
permises ? La mousse sur les troncs d’arbres suffira-t-elle comme
boussole ? Puis ça revient : pourquoi suis-je là ? Qui m’a mise ici ?
QUI ?" (Alban Orsini).
(4)
"Comment continuer à avancer au milieu des catastrophes ? Il suffit d'un
moustique pour détruire un royaume, il suffit d'une abeille ou d'un
cafard dans le cockpit d'un avion pour que, VLAM, le pilote panique, se
lève en hurlant d'une voix de fausset, et, dans ses gesticulations
effarées, assomme le copilote dont la tête, rebondit sur les manettes,
et dérègle fatalement l'appareil. PLOUF. Vous qui, simple passager,
faisiez un petit somme suite à une quasi-overdose de stilnox, vous ne
vous réveillez finalement qu'au moment précis où 1. votre voisine prend
feu 2. un requin tape de la dent contre le hublot. Que faire ? C'est
l'occasion parfaite pour entonner : « auprès de mon arbre, je vivais
heureux ! »" (008).
(5)
"Elle fut soudain réveillée par un BZZZZZZ tonitruant comme un coup de
tonnerre. La bouche un peu sèche (était-ce ce poisson sans goût qu’on
leur avait servi au « dîner » (dîner !) qui lui donnait si soif ?), elle
se tourna vers son voisin qui dormait comme un bienheureux. Mais non,
il ne ronflait pas… Une goutte de sueur la fit frissonner, elle avala sa
salive, ferma les yeux pour ne pas voir les insectes qui commençaient à
bourdonner devant ses yeux mi-clos. Voilà qu’elle allait être reprise
d’angoisses – les images de l’incendie lui revenaient ; l’avion entrait
dans une zone de turbulence. D’où pouvait venir ce bruit qui résonnait
encore à ses oreilles ? Ou bien était-elle la seule à l’entendre ? «
Comment une abeille aurait-il pu s’introduire dans l’appareil ? »
tenta-t-elle de se raisonner."
(Juliette Sabbah).