mardi 3 avril 2012

TEAM ONE - Episode 52



[Les cinq paragraphes ci-dessous appartiennent à cinq feuilletons distincts. Ces cinq paragraphes ne se suivent pas - mais font suite aux précédents épisodes des mêmes auteurs.]


(Suite de l’histoire n°1) “- Bonjour, cher ami.
Salomon éloigna quelques instants le combiné de son visage, comme pour reprendre ses esprits. Il se composa un visage de circonstance, neutre et affable, pour que la voix qui allait en sortir ne laisse rien transparaître de son émotion.
- Griselda, quelle bonne surprise !
- Je suis désolée de vous déranger ainsi, j’ai dû batailler longtemps pour trouver où vous joindre.
- Oui, je… je n’ai pas encore fait installer le téléphone chez moi.
Comment lui avouer qu’il vivait dans une chambre miteuse, dans un immeuble où la cage d’escalier sentait perpétuellement le chou et l’oignon ?
- Pardonnez mon indiscrétion, mais j’ai cru comprendre que vous traversiez une période un peu… difficile sur le plan financier.
Salomon déglutit.- Oui, je… c’est à dire… c’est temporaire, bien sûr, je vais bientôt retomber sur mes pieds.
En fait de retomber sur ses pieds, il se sentait plutôt comme une tortue retournée, oscillant désespérément sur sa carapace.
- Tout cela est très délicat. Bien sûr, vous allez vous en sortir, vous êtes un homme plein de ressources. Mais, enfin, si par hasard vous aviez besoin, en attendant, d’un travail, mon père serait tout à fait en mesure de vous en proposer un. Un homme de votre compétence nous apporterait beaucoup, vous savez…” (Alice Bé)


(Suite de l’histoire n°2) “” (David M.)


(Suite de l’histoire n°3) “Nous sortons du restaurant. Locus marche devant, Padlock se tient à mes côtés, et Reinette ferme la marche. J'ai l'impression d'appartenir à un petit troupeau, comme si chacun avait abandonné sa volonté individuelle et s'en remettait à la sagesse collective. Mais ce n'est bien sûr qu'une fausse impression : nous suivons Locus car lui seul sait où la voiture est garée. En réalité, le seul qui n'est plus libre de ses mouvements, c'est moi. Je sais que si je résiste ou que je cesse d'avancer, Padlock se chargera de me faire avancer, que je le veuille ou non.
Je me retourne vers Reinette, mais elle évite mon regard. Nous montons dans une petite Renault grise. Personne ne parle. Nous roulons sur les boulevards et traversons le pont d'Austerlitz, puis remontons le boulevard de l'Hôpital.
– Alors, vieux, me demande brusquement Locus, sur le ton joyeux de celui qui engage une plaisante conversation, tu peux nous dire pourquoi tu es allé en Californie ?
– Mais pourquoi me poser la question ? Tu le sais très bien.
– Dis-le.
– Parce que je voulais savoir à qui Reinette avait parlé, et parce que j'ai reçu un texto qui m'indiquait qu'il se trouverait à Pasadena.” (FG)




(Suite de l’histoire n°4) “Et toujours l’impossible ligature, la réunion irréalisable des deux Moi :

« Ils m’ont rendue schizophrène ; il faut lutter, lutter, lutter, lutter ! », pense la part alambiquée de son cerveau. « Allons, allons, allons quelque part ; bouge, bouge, bouge, bouge, bouge ! », vrombit l’autre face.

Ralenti et frénétique, confus, foisonnant, simple et obtus, il n’est plus possible de penser le temps. Tout s’échappe, tout fout le camp. La seule part de Coralie qui semble prête à lâcher prise est sa part humaine ; les boucles de sens se défont comme un paquet cadeau, se déplient, et il semble qu’on aura la paix ainsi.” (Louis Butin)


(Suite de l’histoire n°5) “Cavalli, un prince, vraiment, ses tresses blondes rassemblées en chignon, se tenait sur le seuil, une bouteille dans les bras : vin des canyons, scintillant, sans nul doute, de tous ses isotopes en folie. Arrow fit entrer Cavalli, sortit les verres. Et se débrouilla pour ne rien boire de ce qu'on lui servait. Deirdre dormait, couchée dans son nid de paille. Il était venu cette pensée au méfiant Arrow : Cavalli est un envoyé du mal. Dès que tu auras le dos tourné, il empoisonnera la brebis, te drogueras, en vil séide de van Doorn qu'il est. Le ficus but le Château Moab tandis qu'Arrow, un sourire absurde aux lèvres, faisait à Cavalli une démonstration du Livre.

— Et tu traverses la plaine des Cendres, et les Nains te poursuivent, et tu donnes deux pintes de ton sang pour Excalibur, et les licornes te lèchent les paumes, etc.

Il poussa même le vice jusqu'à assaisonner le café du pauvre bougre, après le vin, d'une pincée de poudre blanche qui lui venait de Mad Hunter.

— Quelque part, nous sommes tous chamanes. Pas vrai ?

Aviné, huntérisé, Cavalli arborait un sourire béat. Ses grands yeux verts reflétaient les labyrinthes du Livre. Il posa le front sur l'écran de l'ordinateur.

— Sans aucun doute, murmura Arrow. Le pont entre l'univers et la conscience individuelle, le véhicule de l'innocence. Crétin, va !

"Quelle heure, Hunter ? — 11:00 au bus, l'âme nue. — Quoi ? — L'âme nue, Arrow. Baisse la garde."

Un vrai supplice, ce Cavalli ivre. Ne voulant le laisser en tête à tête avec l'innocente Deirdre, Arrow transporta le surfeur assommé jusque dans les vestiaires de la piscine, déserts à cette heure de la nuit. ” (Dragon Ash)